dimanche 26 septembre 2010



Le triangle marron des camps nazis avec le Z de Zigener, -tziganes-

Tout à l'heure je suis passée vers le camp des roms situé près de la rivière et je suis arrivée dans un espace, un cul de sac, où une famille finissait de dîner dehors. Je me suis excusée. "De quoi ?" m'a dit l'un d'eux. "De vous déranger..." Sa réponse est là : "Mais la terre est à tous, vous ne dérangez pas!" Une belle leçon de civilité, lorsque l'on voit des propriétaires de plusieurs hectares accaparer un chemin qui les jouxte et tenter d'en "interdire" le passage, que nous donnent ces hommes qui n'ont que leur caravane et un lopin. "La terre est à tous."





Interview de jeunes gitans qui parlent de leurs origines, allemandes, espagnoles, italiennes, c'est bien un peuple de l'Europe! dont l'un, insistant sur sa gitanité, bien qu'indigné par l'expulsion des roms roumains -"comme vous" me dit-il- précise qu'ils sont "différents", sédentarisés dans des maisons et tout à fait assimilés. -La Roumanie est en effet le pays où ils demeurèrent le plus longtemps car ils y furent réduits en esclavage durant 5 siècles!-...

Racisés parce que "nomades", les "roms" de  Roumanie sont parfois mis à l'écart par les "gitans" parce que sédentaires "gadjisés"... même phénomène qui touche les africains et les noirs américains/antillais descendants eux aussi d'esclaves et eux aussi acculturés. 

Diaporama, les roms



                                      Répartition des roms en Europe



 Une crainte mythique: en vert, ils représentent moins de 0,5 % de la population ! - ce sont les pays où ils ont été exterminés-


 Population actuelle: entre 5,8 et 13 millions, essentiellement en Bulgarie, Roumanie, Turquie, Hongrie, Espagne, Amérique -nord et sud-.

Moyenne donc de 10 millions, assez proche de celle des juifs (13 millions).


On estime que 25 à 50 % de tous les roms européens ont été exterminés en 40, ce qui constitue un génocide comparable à la Shoah. A ceci près que les mesures à leur encontre ont été maintenues après la guerre. 


Soulignons toutefois que faire une statistique ETHNIQUE étant interdit en France par le Ministère de l'Intérieur, lorsque le ministre -de l’Intérieur !- assure qu'il y a dans le pays environ 50.000 roms et 200.000 roumains (?) ça pose question : ou il a "tourné" -on dit violé- sa propre loi, ou il dit n'importe quoi... ou les deux. Objection trouvée sur le site :
Hélène Larrivé http://larrive.blogspot.com
A St Ambroix, dans les Cévennes où j' ''occupe'' depuis 2 mois le parvis de la mairie après une grève de la faim (voir le blog désopilant, mais oui ! http://grevedelafaim2.blogspot.com) -je vois ainsi vivre un village avec tout ce qui est habituellement inaperçu lorsqu'on ne fait que passer... à St Ambroix donc, sont arrivés depuis peu des "roms" traditionnellement vêtus, que l'on dit "délinquants" (!).. "reçus" avec plus ou moins de bonheur d'où ce blog sur leur histoire, à "intégrer" dans le journal de mon "occupation" devenu un véritable "dazibao virtuel" en trois blogs : http://aujourlejour2.blogspot.com
http://aujourlejour4.blogspot.com http://aujourlejour5.blogspot.com
Ces "Chroniques d'un village occitan de juin à août 2010 ou "une femme de trop" feront peut-être un jour les délices d'un Leroy-Ladurie du 23ème siècle.
________________________________________


SAMUDARIPEN,

LES ROMS, HISTOIRE D'UN GENOCIDE

samudaripen -meurtre total- veut dire littéralement "tout tuer" (sa=tout; moudarel=meurtre)


Un bref chapeau d'intro sur les 700 000 roms de Hongrie, pays des magyars

Pour échapper à l'esclavage en Roumanie, ils arrivent au 13ème en Hongrie ... pays-refuge des barbares nomades magyars [qui occupaient l'Europe centrale et au 9ème furent chassés vers l'ouest par les turcs petchenègues. Ils sont trois tribus qui parlent trois langues différentes : les Beaashs, un roumain antique ; les Romungros, le hongrois ; les Olahs, Valaques venus au 19ème, le romani d'origine d'origine. Leurs conditions de vie sont telles que leur longévité est inférieure de 13 ans à celle des non roms.
Sources: Jean-François Berger, Bernath Gabor, Andras Biro, dissident hongrois.


De l'Inde jusqu'à "chez nous", le périple des roms...
qui ne sont pas des "roumains"



avec haltes champêtres et baby sitters comprises !
------>













Note préalable : n'étant pas spécialiste de la question -ou depuis peu !- j'ai effectué une recherche assez sommaire à partir de textes, du net et d'interviews, qui parfois se contredisent.. et s'il m'arrive de prendre position -sans certitude absolue-, le plus souvent je laisse les oppositions pendantes afin de donner une vue -survolée- la plus diverse possible au lecteur. Hélène Larrivé
___________________________________________


ONZE SIÈCLES D’OPPRESSION

Ces derniers temps, les médias ont régulièrement traités des immigrés Roms de Roumanie. Bien souvent, ces reportages se font dans une optique raciste ou misérabiliste. Nous retraçons donc ici, dans les grandes lignes, l’histoire de ce peuple, comme les indiens et les kurdes, génocidé dans le silence général... et jusqu'en 1864, réduit en esclavage tout à fait légalement en Roumanie, une exception historique.



[Dès 1315 Louis X proclame que le sol de France affranchit quiconque y pose le pied...
En 1526 Charles Quint qui, après avoir autorisé l'esclavage des Amérindiens, l'interdit.
En 1794, la Convention l'abolit (il sera rétabli par Napoléon)...
Et en 1848 -pendant le gouvernement provisoire- sous l'impulsion de Schoelcher, il est définitivement aboli. Sauf pour les noirs et les roms, le dernier peuple à avoir été libéré.
C'est en 1863 que Lincoln l'abolit aux Etats-Unis après la guerre de sécession. Les Roms devront encore attendre la brève prise de pouvoir de Koglniceanu, le "Lincoln" roumain*.]

*Voir plus loin.

Roms, tsiganes, bohémiens, manouches, caraques... une question de vocabulaire..

 

 

Les trois zones de départ, le Penjab -le pays des 5 rivières-; le Rajasthan -celui des guerriers rajpoutes, en partie désertique- ; et le Sind -un autre nom pour désigner l'Indus, le fleuve qui a donné son nom à l'Inde.-

 

 

Le désert du Thar, des plaines fertiles, le cœur de l'Inde historique, c'est le Rajasthan et ses guerriers rajpoutes, rempart du pays depuis le 6ème siècle contre l'envahisseur musulman perse, arabe et turc -Tamerlan-, le pays des roms. Formé au départ de conquérants huns ou scythes ensuite assimilés par les brahmanes à des "kshatryas", -la plus haute caste après la leur- en raison de leur lutte contre l'islam.



LES ROMS, ORIGINE

Note : la romanologie étant une science très récente, les dates à leur sujet varient parfois de 6 siècles et les chiffres, de plusieurs millions. Ainsi leur départ de l'Inde est-il parfois situé par des linguistes au 3ème siècle, les estimations du nombre de romanophones vont de quelques milliers à 8 millions, et celles de roms, de 13 à 113 millions -avec les 100 millions de l'Inde dont certains nient l'existence-. Voir le blog "linguistique" http://ricetrac2.blogspot.com

Les roms sont à l'origine deux tribus qui partent du nord de l'Inde : d'abord, au 9e siècle ou plus tôt; ce sont les kshatryas* -peut-être à l'origine du mot "tsiganes"- venus du Sind d'où le terme "sinti" par lequel on désignera ensuite les "roms" d'Allemagne aussi dénommés "manouches" -pratiquement tous exterminés-... puis, au 13e, les Rajputs venus du Penjab et du Rajasthan -les roms-. A présent, l'ethnonyme "rrom" qu'il faut écrire rrom est officiellement reconnu par le Conseil mondial rrom et les Nations unies mais certains le refusent -réducteur- et se disent toujours sintis, manouches, tsiganes ou, dans le midi de la France et en Espagne, gitans.

Qui étaient-ils ? Peut-être des "intouchables" voués à des taches taboues, équarrisseurs, éboueurs, fossoyeurs ou... saltimbanques voire, selon la tradition orale, des musiciens doués envoyés en ambassade à la cour de Perse [les comédiens -ou les militaires mercenaires- auxquels on vouait un culte fervent étaient néanmoins frappés d'anathème pour "activité contraire aux bonnes mœurs" -et parfois des intouchables.] 


Exode des rroms ou doms, lôms, djâts, ou hanabadoches, termes synonymes

... ou au contraire de haut rang, car kshatrya, fautivement traduit "paria" par les grecs, signifie "qui a le pouvoir temporel" -les guerriers-... ce qui a donné "intouchable"; mot à double sens... des nobles donc, victimes des guerres d'expansion de l'islam du 8e au 10e siècle. Ecoutons Régis Blanchet, "Les roms, un peuple mémoire" : ''la sévérité des traitements infligés par les musulmans aux indiens dont les roms va marquer d'une manière indélébile leur inconscient collectif." Le terme Gadjo proviendrait de Mahmud Ghazni, le "Claus Barbie d'Allah de l'an 1000", devenu synonyme de ''guerrier musulman'' puis, pour les roms, de barbare, impur, englobant tous les "non roms.''" -Une autre étymologie possible de gadjo serait "maison" en sanscrit.- [Il est possible que ces ksatryas qui furent massacrées, jetés sur les routes ou razziés aient déjà été issus de groupes ethniques différents venus d'ailleurs -les sources diffèrent, peut-être des plateaux d'Aria en Iran- et qu'ils aient ensuite été "sacrifiés" par les indiens, ce qui les rapprocherait alors du peuple juif lui aussi abandonné à Hitler en 40. Un élément que nous allons voir corroborerait cette supposition connexe.]

Dans cette seconde hypothèse, ils feraient donc parti de la caste la plus haute après les brahmanes... avec lesquels ils avaient le droit de se marier, les enfants mâles étant alors destinés à devenir... conducteurs de chars d'un chef militaire et compositeurs-conteurs- d"hymnes à sa gloire... Que les hautes castes aient été razziées en priorité est probable, surtout s'il s'agissait de guerriers, la préférence des envahisseurs allant toujours à l'élite plus rentable à exploiter ou à monnayer. La légende dit que rom, qui signifie "homme" -ou romantique!- en sanskrit proviendrait de Rama, le héros de l'épopée indienne, d'où le nom par lequel ils se désignent, Romani Chav, fils de Rama, préféré à "romani cel", groupe d'hommes. Mais il est probable que les migrations, issues de causes différentes voire opposées, ont touché plusieurs castes...

Une explication conciliatrice peut-être : le Rajasthan, l'Israël des roms


Au Rajasthan [pays des rajas] on trouve des nomades sillonnant le désert ou campant à la lisière des villes, des "lohars" -forgerons et charrons- et aussi des intouchables, musiciens, danseurs et poètes, rejetés et redoutés à la fois, les Kalbelyias et les Sapéras... dont on a trace dès 420 av. J-C ! les ancêtres des roms qui seraient demeurés dans leur pays? Comme leurs frères européens, ils sont racisés par les indiens qui les disent voleurs, arnaqueurs, comédiens, venus d'ailleurs etc.. Vivant à la belle étoile dans des campements encore plus sommaires que ceux d'Europe, ils entassant leur maigre avoir dans des roulottes décorées identiques à celles qu'on a pu voir autrefois sur les routes d'Europe. Les femmes portent d'amples jupes à volants colorées et pléthore de bijoux en or -les hommes aussi-... et comme les roms que l'on peut voir à Palavas au bord de la mer, elles dansent* accompagnées d'une clarinette, d'un tambour à deux faces et d'une vièle, et disent la bonne aventure. Les sapéras, eux, charment les serpents. Les ancêtres des roms -s'ils le sont, ce qu'ils affirment- auraient donc déjà dans leur pays été des "étrangers" mis au ban? Cela confirmerait-il l'hypothèse des roms intouchables fuyant la cruauté de la société indienne? pas forcément.


Car il se trouve que les kshatrias -guerriers souvent sur les routes- étaient dans leurs périples servis par une "cour" formée de forgerons -pour entretenir leurs armes- de charrons -pour s'occuper de leurs chevaux-, de cordonniers, vanniers, ainsi que des musiciens, danseurs, poètes -pour les distraire- intouchables peut-être ou issus de castes méprisées -et craintes- auxquelles ils assuraient un sort convenable... Et en cas de conflit grave, il engageaient également des mercenaires de n'importe quelle caste, leur promettant butin et ascension sociale. Les tribus se sont donc côtoyées historiquement pendant des siècles et il probable qu'après Peshawar -le premier Waterloo des indiens en 1001 qui fit 15 000 morts- c'est ensemble qu'elles ont fui ou furent razziées... ou, si tous les guerriers avaient péri, que les survivants, toutes castes confondues, soient partis sur les routes... loin, très loin de l'Inde. Forgerons, cordonniers, vanniers, danseurs, musiciens, poètes, soigneurs de chevaux, ce sont très précisément les professions des roms que nous connaissons.**



Racisés dans "leur" propre pays, les roms viendraient-ils déja d'ailleurs? Des huns "blancs", comme tous les rajasthanis, métissés avec les dravidiens et/ou les adivasis -noirs-, les premiers habitants de l'Inde, un peuple d'intouchables -dalit- génocidé par la déforestation et des pogroms réguliers ? [61 millions qui, pauvres parmi les pauvres, n'intéressent personne.]


C'est probable. Ou des scythes? -"tziganes" proviendrait-il de scythe?- Leur habileté à travailler les métaux et l'or, les bijoux qu'ils portent, leur refus des prêtres et leur pratique de la magie... (?) Des cachemiris? Des dardes? Comme eux ils se disent aryens et quelques éléments linguistiques pourraient l'indiquer. Mais la seule certitude que nous avons est leur migration à partir du nord de l'Inde, quelle qu'ait été leur origine, sans doute multiple, auparavant.

*Désormais ces danses s’exportent à l’étranger grâce à Gulabi Sapera qui a bravé les interdits sociaux -Gitans Doad of Rajasthan-.
** Une étude linguistique -peu convaincante à mon sens sur ce point mais remarquable sur d'autres- infirme cette théorie, voir sur le blog linguistique l'article de Marcel Courthiade in extenso, qui d'ailleurs mentionne d'autres tribus nomades du Rajahsthan mais ne parle pas des kalbelyias ni des sapéras, et à l'opposé, celui de Jacques Leclerc qui, lui, estime à 100 millions le nombre de roms en Inde. http://ricetrac2.blogspot.com


                                                                                                         Les adivasis, un peuple en danger
__________
______________________
_________________


Le voyage à travers la langue

Note. Le sanskrit est la langue originelle de l'Inde antique qui fut remaniée par des brahmanes pour en faire une langue "parfaite", cas unique, et tel que, ne fut jamais parlé par tous. L'hindi, parlé majoritairement, est du sanskrit non modifié, ou plutôt modifié d'une autre manière -c'est en fait la même langue-. L'urdou, très proche, est sa version pakistanaise. Ici, à la différence du français et du latin, c'est la langue savante qui a "évolué" artificiellement. De fait, l'hindi est beaucoup plus proche du sanskrit que le français du latin, devenu langue morte... tandis que sanskrit "savant" est encore -rarement- parlé par des brahmanes. L'hindi est donc un sanskrit à la fois originel et vernaculaire, c'est pourquoi le terme "sanskrit/hindi". Voir cependant l'analyse différente de Jacques Leclerc sur le blog linguistique http://ricetrac2.blogspot.com

Le romani avec ses 900 racines sanskrites/hindis (70 persanes, 40 arméniennes, 220 grecques) sa similitude phonologique, ses nombreuses terminaisons communes et sa syntaxe identique ou proche... est donc, ou provient directement du sanskrit/hindi. Or la langue suit les hommes et si nous perdons la mémoire des lieux après plusieurs générations, la langue, elle, en garde la trace en nous. Et ce sont ses modifications qui reflètent l'histoire d'un peuple ici dispersé dans le monde entier.
En Europe orientale, les Roms de la première migration (jusqu'au 16ème siècle), implantés surtout en Grèce et en milieu rural ont gardé l'usage du romani, avec des mots rajoutés. -Sauf en Hongrie où seuls les Olaths l'ont conservé, les autres étant hongrophones-.
Progressant très tôt vers des régions de langue allemande, ils le germanisent, c'est le sinto, également parlé en Italie, dont une forme proche est appelée manouche en France.
Ils arrivent en Espagne où, interdit par l'Inquisition, il disparut mais une partie du vocabulaire survit dans le kalo des Gitans à base grammaticale espagnole.
Un phénomène similaire aboutit en Angleterre à la constitution du pogadi.
Du sous-groupe balkanique est né un langage romano-balkanique qui ne s'est guère étendu...
mais en Turquie ensuite, avec le turc -et le kurde, il a donné naissance aux récents kelderaś, ćuràri et lovàri qui correspond à la seconde migration (19ème siècle).
Langue de diaspora, le romani a perdu par endroits une partie de son lexique et introduit des termes étrangers par nécessité, si bien que parfois les roms ne se comprennent plus très bien. Mais, malgré les différences, les éléments conservés demeurant, avec la restauration du vocabulaire oublié, il a été possible de re-constituer ou de constituer une langue du rassemblement comme il a été fait pour l'hébreu moderne, à la fois "originelle" et "espéranto", la langue ancienne recréée qui permet donc à tout un peuple de retrouver sa culture c'est à dire d'abord de se comprendre. Une des plus vieilles du monde. Il y aurait 65 000 locuteurs actuellement.


* Note de moi : si le romani a perdu une partie de son vocabulaire, il en a sans doute fourni à certaines langues hôtes - le kurde -le kurdmandji- notamment où on trouve des mots sanskrits-...
Référence : Marcel Courtiade, http://ricetrac2.blogspot.com (second article)
__________________________

Quelques mots sanskrits à
l'origine de mots latins et/ou français
-le sanskrit est une langue rigolote-

hrepan : apte à faire honte, cf répugnant.
adin : qui réjouit, distrait, amuse, cf baladin
rada : bruit, grondement, cf râle
hras : diminuer, s’amoindrir, cf raser
aksa : essieu de voiture, objet tournant, cf axe
akritya : le mal, cf crime.
Amsa : épaule, en latin umerus, cf humérus
mudarem : tuer, cf meutre
sutra : extrait, tiré de, jus, suc,
désigne aussi l'enfant d'un kshatrya et d'une brahamani ! destiné à devenir le conducteur de char et "bateleur" d'un seigneur militaire de haut rang dont il devra aussi écrire au fur et à mesure, en vers, la chronique des haut-faits et la diffuser -la déclamer- au passage pour les fans.. à la fois agent publicitaire chargé de communication, troubadour et chef de staff : Aragon ou Froissard et Philippe Noiret réunis-.. en sanskrit, cela se dit en un seul mot de cinq lettres. Avec mes excuses pour l'absence d'accents, mon ordi ne me permettant pas la translittération.

_________________________

Le périple géographiquement à présent

Migration des roms en Europe

Les roms -ou certains d'entre eux- arrivent d'abord en Grèce où ils se réunissent -quasi sédentarisation- sous le mont Gyps, d'où l'ethnonyme qui leur sera attribué, "gitans" ou "gypsi", qu'on croit aussi relié à leur séjour en Egypte. Ils parlent au départ l'hindi-ourdou [qui deviendra "romani"] la langue du peuple indien [dérivée du sanskrit dont il est proche -le sanskrit est la langue des textes sacrés et des castes cultivées, suscitée autrefois par des brahmanes comme langue"parfaite", quasi disparue, qu'il faudrait préserver à travers eux**]... mais qui se modifiera considérablement au hasard de leurs pérégrinations. Leur long séjour en Bohême -la Tchécoslovaquie- et les laisser-passer qui leur étaient octroyés par le roi Sigismond 1er ont donné le terme bohémien. Quant aux mots "rom" -devenu romanichel- et "manouches", ils veulent dire "homme" en romani -"rom" ne provenant pas de "Roumanie" ... même si c'est le pays où ils restèrent le plus longtemps... puisque ceux qui y "passèrent" furent arrêtés et réduits en esclavage pendant 5 siècles !

Vendu au poids

Quant à "tsigane", qu'il faut écrire avec un "s", il vient sans doute du sanskrit : "celui qui ne touche pas" et par extension, "celui qu'on ne touche pas", l'intouchable, le "dalit"... ou au contraire le noble qui ne "touche pas" -ce qui est impur- !! Kshatrya -tsigane- désignant une caste de haut rang. Il devint ensuite synonyme d'esclave -cigène, cigani en hongrois-.

Une partie alla vers le sud, l'Espagne, le Midi de la France, une, en Amérique -nord et sud-... et une autre, vers l'Est, l'Allemagne, la Russie, et même le Nord : on appelle en principe "tsiganes" ceux de l'Est et gitans ceux du Sud... les tsiganes, en raison de mélanges ethniques, étant parfois blonds et portant des noms germaniques et les gitans, plus foncés, parlant souvent le calo, dialecte sanscrit-hispanique. Le terme "caraque" qui désigne ces derniers au départ n'est pas péjoratif -il est sans doute issu du turc "kara", noir ou du grec, "korakia", corneille ou -moins probable- des vaisseaux espagnols homonymes-.

Mais presque toutes ces désignations ont par la suite été connotées de manière raciste y compris "tziganes" qui au départ désignait sans doute une caste de nobles... Ces péjorations variant en fonction des lieux et des groupes, pour éviter des impairs on doit parfois, avant tout interview, demander "comment faut-il vous appeler ?" Dans le midi, c'est "gitans"ou tsiganes, Rom évoquant trop "Roumanie", pays qui dans leur inconscient collectif leur a laissé des souvenirs impérissables ! Le fait même que l'on ne sache comment appeler un peuple est révélateur du racisme absolu dont il est l'objet, TOUS les ethnonymes le désignant étant, en UN lieu particulier -que l'on n'identifie pas au départ- devenus des insultes ! Le cas est unique. A ce sujet, Claire Auzias note que dans l'échelle sociologique des victimes du racisme, ils obtiennent le score maximum -selon une grille établie précisément-.

Les roms pour se désigner, emploient le mot rom ou tsigane, plus rarement manouche, qui est parfois lui aussi péjoratif, ainsi que gitan. Ils sont entre 6 et 13 millions dans le monde.

*Le peuple tsigane [donc le premier à migrer il y a un millénaire] a donné une musique devenue un genre à elle seule, comme la musique yiddish [à laquelle elle est apparentée, ainsi qu'au "blues"] qui survit à la quasi-disparition de la culture juive allemande. Leur population est demeurée plus stable aux USA et en Amérique latine -car ils n'y ont pas subi le génocide de 40-. D'où l'influences du jazz chez les grands musiciens tsiganes:
http://www.youtube.com/watch?v=51DXDVeWSfU

**Imaginez qu'existent des peuples parlant une langue la plus proche qui soit du grec classique ou du latin du 4ème siècle: les roms sont ce peuple pour le sanskrit ! Notons que c'est -tardivement- grâce à un linguiste (Miklosich, 1872) qui avait observé une similitude entre le romani et le sanskrit que leur origine indienne, depuis confirmée par la génétique, a été établie.
http://ricetrac2.blogspot.com/ [blog linguistique... que personne ne va visiter, tant pis..]
.
cliquer pour agrandir l'image


Petit résumé étymologique

''Tous les préjugés mènent aux Roms''
(Hervé Favre, La Voix du Nord)

मनुर् भव जनया दैव्यं जनम्
Deviens l'Homme, pour créer la race divine.

Les roms ou doms, hommes en hindi, partis du Sind, un autre nom pour désigner l'Idus, le fleuve qui a donné son nom à l'Inde, le Sind est le Pakistan actuel, d'où le mot sinti, parlaient le sanskrit et l'hindi-ourdou, devenu le romani, leur langue actuelle, qui comporte des emprunts à celles des divers pays où ils passèrent. Certains l'ont même en partie oublié, (car il fut parfois interdit)..
Romanichels = Romani tschel (tribu) = tribu d'hommes en romani, non péjoratif au départ !
Manouches = manusha = homme, être humain en sanskrit.
Gitans (gypsies en anglais) vient peut-être d'égyptien... mais en grec, ''gyps'' signifie recycleur, équarrisseur et ''gyftos'' ferronnier, ferrailleur... ainsi qu'une montagne. L'ethnonyme ''gitan'', (gitanos) désignant, [par opposition à ''tsigane''] les roms ayant migré vers le sud, l'Espagne, le Midi etc... est parfois peu utilisé par les Roms qui le trouvent péjoratif et au 18ème, il fut remplacé fautivement par égyptiens pour cette raison.Tsigane désigne les roms de l'est, peut-être issu de zingares, "venus du Sind", ou harijana, "intouchables", ou encore kshatrya, du nom de la tribu partie la première.
En grec, "astiganos'' désignait une secte ''qui ne touchait personne'' mais peut-être aussi ''que personne ne devait toucher'']... mais il pourrait aussi venir de ''sagaie'', l'arme de jet qu'ils fabriquaient ; il a donné Zigeuner en allemand, Cigány en hongrois, Zingaro en italien... et, devenu synonyme d'esclave dans les pays slaves, il fut celui des nazis : les Tsiganes préfèrent le S au Z, évocateur de ''Zigeuner'' tatoué par les SS dans les camps de la mort -et ne correspondant pas à sa prononciation-. Le triangle marron, qui s'en souvient ? Voici une vidéo bouleversante (sur le 2ème lien.)
http://www.cyril-lazaro.com/article-plus-de-roms-plus-de-chomage-55952450-comments.html#anchorComment
http://www.dailymotion.com/video/xapdzo_l-holocauste-oublie-le-massacre-des_news



Poème des camps de la mort
http://romane.blog4ever.com/blog/index-86614.html


Un exemple cruel

Les camps d’internement de Lety en Bohême et Hodonín en Moravie sont les symboles de l’extermination des Roms de Bohême-Moravie. Or, qu'y a-t-il à leur place à présent ? Un monument ? Une stèle ? Pas du tout : à Lety se trouve aujourd’hui encore, à proximité, une porcherie ! et Hodonín était jusqu’à l’an dernier... un camp de vacances !
___________________________________


Note : on trouve parfois un certain racisme des tsiganes, émigrés 4 siècles avant les rajputs, souvent d'allure occidentale, aux noms germanisés et mieux assimilés, envers les gitans de type indien plus prononcé... les tsiganes, étant donné leur situation d'esclaves, s'étant mêlés aux populations indigènes tandis que les gitans, plus "libres" et plus "fermés", auraient mieux conservé leur culture originaire [mais si les relations femmes tsiganes- homme slave étaient fréquentes, l'inverse était parfois toléré voire exigé -au cas où le maître de maison était stérile par exemple- mais en tout autre cas puni de torture et de mort par crémation.]

Exemple d'une amie "gitane", parfaitement intégrée -à un haut niveau- dans sa ville... qui refuse catégoriquement pour elle le terme de "gitan" et même de "rom"... tout en se reconnaissant volontiers "tsigane", précisant qu'elle vient de l'Est comme l'indique son nom -alsacien-... et ceci malgré des traits indiens très accusés. "Tsigane, oui ; gitane ou romi, jamais !" Elle n'est pas une "caraque" en somme. Cela évoque chez les juifs le dédain des ashkénazes germanisés issus de l'Est vis à vis des "séfarades" ou "misrahims" d'origine arabe.
.

________________________________________________

L’esclavage en Valachie et Moldavie (deux principautés qui forment l'actuelle Roumanie.)

Donc partis d’Inde entre l’an 800 et 950, les Roms arrivent dans le sud-est de l’Europe dans le dernier quart du 13ème siècle. Arrivés comme des hommes libres dans la principauté de Valachie, ils apportent avec eux des savoirs-faire artisanaux (en particulier dans le travail du fer) d’Inde et de l’Europe byzantine, une bénédiction pour les seigneurs valaches et moldaves qui ont besoin d’une force de travail, une malédiction pour eux.


les seigneurs qui -d’abord en dehors de toute base légale- vont les réduire en esclavage. Des mesures de plus en plus sévères sont alors prises par les propriétaires terriens, les nobles et les monastères pour les obliger à rester sur place car face à l’esclavage, ils ont tenté de fuir vers l’Allemagne ou la Pologne, où à cause de leur teint mat, on les considérait comme des "musulmans". Notons que si la proportion de roms en Roumanie est importante -ce qui a encore accentué la confusion entre "rom" et "roumain"- c'est parce qu'ils furent obligés d'y rester esclaves six siècles ! Il est pathétique qu'ils soient confondus avec le pays qui s'est montré tel envers eux et il faudrait peut-être comme certains romanologues écrire l'ethnonyme "rrom" -comme il s'écrit normalement, avec deux "r" afin d'atténuer la malencontreuse euphonie. 
 


Devant les cruautés qu’on leur infligeait, ils sont partis se cacher vers les montagnes des Carpates, où ils sont retombés entre les mains des esclavagistes. Les premières traces écrites de cet esclavage date du règne de Rudolf IV en 1331-1355, où les Roms sont décrits comme étant la propriété de monastères et de propriétaires terriens. Mais ce n’est que sous le règne de Basile le Loup de Moldavie (1634-1654) qu’est instituée une loi en quarante points codifiant le "statut" d'esclaves des Roms. A partir de 1500 d’ailleurs, le terme roumain tsigan devient synonyme d’esclave.

Comme les noirs en Amérique, ils sont alors divisés en tsigani des champs, et tsigani de maison, ces derniers se subdivisant en sclavi domnesti, les esclaves des nobles, sclavi curte, esclaves de la cour, sclavi monastivesti, esclaves de l’Eglise etc... et soumis à différents travaux, laboureurs, chercheurs d’or, forgerons, serviteurs, cuisiniers, montreurs d’ours ou musiciens. Il est à noter que, si certains Roms étaient utilisés comme musiciens, il était interdit aux autres de posséder des instruments de musique! Il leur était toutefois possible de se racheter -ou de faire en sorte qu'on les rachète- : de là peut-être la coutume de porter leur "fortune" sur eux -bijoux en or-, un moyen de signifier leur solvabilité.


Le passage de la Moldavie et de la Valachie sous administration turque au 16ème siècle, qui conserva une autonomie relative, puis sous domination ottomane directe au 18ème ne change pas grand chose pour les esclaves romani.
Au 19ème, le code de Basile le Loup est oublié... mais en 1818, le code pénal de Valachie arrête : "les tsiganes naissent esclaves, tout enfant né d’une mère esclave est esclave, tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves, tout tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince.." Quant au code pénal moldave de 1833, il précise: "des mariages légaux ne peuvent avoir lieu entre des personnes libres et des esclaves. Les mariages entre esclaves ne peuvent avoir lieu sans le consentement de leurs propriétaires. Le prix d’un esclave doit être fixé par le tribunal, selon son age, sa condition et sa profession." Les roms sont donc vendus et achetés à des foires aux esclaves, le prix, au 19ème étant généralement d’une pièce d’or par kilo, sans égard pour les liens familiaux qui les unissent entre eux malgré une loi de 1757 qui interdit de vendre les enfants séparément de leurs parents, le plus souvent "par lot ".

A ce propos, Kogalniceanu, tsiganologue et homme politique roumain du 19ème siècle, écrit: "Quand j’étais jeune, je voyais dans les rues de Iassy des êtres humains aux mains et pieds enchaînés, certains même portant des anneaux de fer autour du cou et de la tête. Des peines cruelles de fouet, de privation de nourriture, d’enfumage, de maintien nus dans la neige ou dans la rivière gelée, tels étaient les traitements infligés aux Gitans. La sainteté de leurs mariages et de leurs liens familiaux n’étaient pas respectés. On arrachait la femme à son mari, la fille était séparée de force de sa mère, on arrachait les enfants des bras de leurs parents, on les séparait et on les vendait aux quatre coins de la Roumanie. Ni les hommes, ni les lois n’avaient pitié de ces malheureux êtres humains."
Les "mariages" entre roms sont le plus souvent arrangés entre les propriétaires pour de simples questions de reproduction, un prêtre officialisant l’union avant qu’on les force à se reproduire. Si le code de Basile le Loup prévoit que " un tsigane qui viole une blanche doit être brûlé vif ", les propriétaires ne se gênent pas pour violer des esclaves, si bien qu’au 19ème siècle, le journaliste français Félix Colson note que de nombreux esclaves roms sont blonds. Le même, en visite chez un baron roumain, indique dans ses mémoires que "la misère se lit tellement sur leurs corps qu’à les regarder, on risque de perdre l’appétit". Il est à noter que si la loi n’autorisait pas un baron à tuer son esclave, cette pratique était néanmoins courante (la loi n’interdisant pas de toute façon les châtiments corporels qui pouvaient se terminer par la mort de l’esclave).

La révolte des Netoci. Vers la Desrrobireja (émancipation)?
Dans les Carpates, des Roms affranchis ou évadés, parfois liés aussi à des gadjé, ont formé des communautés semi-nomades, les Netoci. Considérés par l’idéologie dominante comme "les plus dépravés" des Roms, accusés de cannibalisme, ils sont vus comme des héros par le peuple romani et lorsque au début du 19ème, les barons tentent de les réduire à nouveau en esclavage, les Netoci se lancent dans une guerre de guérilla qui ne cessera qu’avec son abolition définitive. De nombreux soulèvements d’esclaves contre leurs propriétaires ont également eu lieu. (Voir le livre de Mattéo Maximoff, "Le prix de la liberté")

Dans la société roumaine aussi, des voix commencent à se faire entendre pour dénoncer l’esclavagisme. Kogalniceanu écrit en 1837: "Les Européens organisent des sociétés philanthropiques pour l’abolition de l’esclavage en Amérique, alors que sur leur propre continent 400.000 Tsiganes sont maintenus en esclavage". Il se trouve aussi que le passage du mode de production féodal au mode de production capitaliste mécanisé rend l’esclavage moins utile. Des propriétaires terriens et l’Eglise commencent à les affranchir. En 1844 pour l’Eglise Moldave, imitée en 1847 par l’Eglise de Valachie.

Révolution roumaine de 1848

La révolution démocratique-bourgeoise est menée contre l’empire ottoman par les "bonjouristes", des patriotes radicaux de culture française. Ses leaders proclament que "Le peuple roumain rejette la pratique inhumaine et barbare de la possession d’esclaves, et annonce leur libération immédiate". Mais, en 1849, les forces turques au sud et russes au nord réoccupant les deux principautés le réintroduisent et les barons arrivent sans trop de peine à récupérer leurs anciens esclaves. Cependant, malgré la réaction, la lutte pour l’abolition de l’esclavage continue, et l’esclavage devient illégal le 23 décembre 1855 en Moldavie et le 8 février 1856 en Valachie.
En 1856, le traité de Paris reconnaît l’autonomie des deux provinces roumaines dans le cadre de l’empire ottoman. C'est la naissance de la Roumanie dont le prince Ioan Alexandru Couza sera à la tête: il l'abolit définitivement en 1864 sous l'impulsion de Koglniceanu, ainsi que le servage. Celui-ci prévoit même une réforme agraire qui devrait profiter aux serfs et esclaves libérés mais les fractions les plus réactionnaires de la bourgeoisie et les barons complotent pour donner en février 1866 le pouvoir au roi Charles 1er de Hohenzollern. De plus, malgré l’autonomie, la Roumanie reste très dépendante de l’empire ottoman et de ses structures féodales.
 

Même libérés de l’esclavage, les Roms continuent de vivre dans des conditions dramatiques. Nombreux d’ailleurs fuient le pays, craignant un retour à l’esclavage, d’abord dans les pays voisins, puis jusqu’en Scandinavie ou en Europe de l’Ouest, voire en Amérique. Les Roms qui ne quittent pas la Roumanie restent le plus souvent dans les villages où ils vivaient quand ils étaient esclaves, près des monastères. Tous les reportages de l’époque parlent de la misère dans laquelle ils vivent : habillés de guenilles, soumis à la faim. La liberté offre aux Roms un statut guère plus enviable que celui d'esclaves. Un esclave représente une valeur marchande, pas un homme libre : en plus de la pauvreté, ils doivent subir racisme et... meurtres.


C’est ainsi que deux voyageurs américains, au début du 20ème siècle, racontent comment, alors qu’ils offraient du chocolat à deux petits mendiants roms, les deux enfants se sauvent en criant "Moarte! Moarte !" (Mort !). En effet, à de nombreuses reprises après leur " émancipation ", les Roms se sont vus offrir de la nourriture empoisonnée, un moyen utilisé pour se débarrasser d’eux, si bien qu’une des premières leçons qu’apprennent les enfants roms à cette époque est de ne jamais accepter de nourriture d’un étranger.
A partir de la fin du 19ème, des Roms, essentiellement ceux qui ont réussit à faire des études, commencent à s’organiser pour exiger l’égalité avec les gadjés.

En Turquie, les mariages inter ethnies avec les kurdes sont fréquents

 

La dictature d’Antonescu et la déportation en Transnistrie ("pays au delà du Dniepr", qui sépare le Moldavie de l'Ukraine.)

C’est dans cette atmosphère que les Roms traversent l’histoire de la Roumanie, son indépendance, reconnue par le congrès de Berlin en 1878, la participation de la Roumanie à la première guerre mondiale de 1916 à 1918 aux côtés des alliés, puis le rattachement à la Roumanie de la Bucovine et de la Transylvanie (prises à la Hongrie) ainsi que de la Bessarabie (prise à la Russie).

Face à la crise mondiale de 1929 et aux grèves ouvrières qui ripostent à la misère (notamment les grèves des chemins de fer et des ouvriers de l’industrie pétrolière), le parti de la "Garde de Fer ", groupe fasciste créé dans les années 20 par Horia Sima (et où on trouve notamment Ionesco, Mircea Eliane ou Cioran) est soutenu par une fraction croissante de la bourgeoisie. Pogroms fréquents en Moldavie et en Bessarabie à l’encontre des juifs et des roms; par le biais de l’influence du nazisme et des thèses de Ritter, le racisme anti-rom se construit un corpus idéologique "scientifique". Il ne s’agit plus seulement de décrire les Roms comme des "voleurs" et "débauchées", mais aussi, comme Ion Facaoaru, le principal théoricien roumain du racisme anti-rom, de lutter contre "le péril tsigane d’appauvrissement génétique du peuple roumain". Dès 1938, un Commissariat Général aux Minorités est créé, chargé particulièrement, de la "question tsigane". Les universités, et en particulier celle de Cluj, se tournent vers l’étude de l’anthropologie eugéniste. L’idéologie du "sang pur" de la "race roumaine" menacée par "l’impureté tsigane" se développe.

En 1940, le roi Carol II abdique en faveur de son fils Michel I, qui appelle au pouvoir le fasciste Antonescu, soutenu par la Garde de Fer, lequel se proclame Conductator de la Roumanie, tandis que l’URSS, dans le cadre du pacte germano-soviétique occupe la Bessarabie et la Bucovine, et que la Hongrie du fasciste Horty annexe le nord de la Transylvanie. La Roumanie devient un Etat "National-Légionnaire" et s’allie avec l’Allemagne nazie. La situation des roms devient dramatique. En 1940, le ministère de l’intérieur interdit aux Roms "nomades" de "rôder pendant l’hiver".

En 1941, la stérilisation des femmes est instituée. En mai 1942, Antonescu ordonne un recensement général de la population rom, 208.700 Roms sont fichés et le 1er juin, commence la déportation des "nomades et semi-nomades" en Transnistrie nouvellement acquise par la Roumanie. Le 11 août, l’Inspecteur Général du Recensement déclare que 84% des Roms "nomades et semi-nomades" ont traversé le Dniestr. Les ordres précisent de n’informer en rien les déportés sur leur destination. Une fois en Bessarabie, ils doivent changer leur argent en Reichsmarks et sont ensuite assignés à une localité. Un maire de village publie en 1945 ses souvenirs sur cette période : "Fin août 1942 commencèrent à arriver à Trihai, sur le fleuve Bug, des Roms. Ils furent répartis dans les fermes environnantes; en une semaine, ils furent quinze milles Roms à arriver, dans un état incroyable de misère. Il y avait beaucoup de vieillards, certains étaient nus".

Cela empire ensuite : à partir du 12 septembre 1942, commence la déportation des Roms sédentaires, en train, y compris les enfants non accompagnés. Ils ne sont autorisés à prendre qu’un seul bagage à main, tout le reste (terrains, maisons, animaux, etc.) étant confisqué. La rafle des roms sédentaires dure huit jours. Les seuls Roms qui évitent la déportation sont ceux des familles de soldats, une mesure prise à la suite de mutineries de soldats roms sur le front lorsqu’ils apprenaient la déportation de leur famille.
 


En Transnistrie, les conditions de vie sont dramatiques : famine, froid, et typhus, sans compter ceux qui sont abattus parce qu’ils tentent de s’évader. Certains, y compris l’hiver, étaient nus. La famine est telle que certains Roms mangent des chevaux, alors que pour la majorité d’entre eux le cheval est tabou. Entre 1941 et 1943, 300 000 juifs furent également déportés en Transnistrie. Mais dès fin 1943, Antonescu comprenant que l’Allemagne ne gagnera pas la guerre, les déportations cessent, le roi Michel dissout le gouvernement Antonescu le 23 août 1944, puis déclare la guerre à l’Allemagne. De 1941 à 1943, on estime à 36.000 le nombre de Roms morts en déportation en Transnistrie.

 

Le stalinisme

L’armistice est signé le 13 septembre 1944, et le ministre de l’intérieur exhorte alors les Roms à reprendre leurs activités traditionnelles en Roumanie, devenue en 48 une démocratie populaire, sous le joug de l’URSS stalinienne... où de nombreux assassinats, tortures, arrestations arbitraires, etc.... sont organisés pour permettre à un PC qui ne regroupait que quelques centaines d’adhérents en 1945 de prendre le pouvoir. Il ne semble pas que sous le pouvoir de Gheorghiu Dej, alors secrétaire du PCR, une différence existe entre le sort réservé aux Roms et ceux des autres citoyens de Roumanie, les discriminations racistes s’exerçant plus particulièrement à l’encontre de Hongrois, de Serbes ou de Croates. Les Roms restent néanmoins essentiellement utilisé comme main d’œuvre non-qualifiée de l’industrie et de l’agriculture.
 
En 1965, Nicolae Ceausescu prend la tête du PC. La Roumanie connaît la plus forte croissance économique de tous les pays d’Europe, et prend ses distances avec l’URSS. Seul pays du pacte de Varsovie qui n’envoie pas ses chars à Prague en 1968, la Roumanie de Ceausescu devient le plus convenable des pays de l’Est pour l’Occident. De Gaulle, en voyage officiel en Roumanie en 1968, proclame " La Roumanie aux roumains ".

Plutôt indépendante par rapport à l’URSS, la Roumanie développe une idéologie ultra-nationaliste raciste. Ceausescu déclare à plusieurs reprises la supériorité de la race "Dace". En dehors de la campagne nationale de 1977 qui confisqua tout l’or (bijoux en particulier) appartenant aux Roms, il existe peu de documents sur la situation particulière des Roms durant la dictature de Ceausescu, mais un fait est avéré : sur les 80.000 enfants trouvés dans les orphelinats roumains en 1990 (en fait de véritables mouroirs au taux annuel de mortalité de 50 et 60% ) 80% étaient des roms (alors qu'ils ne représentent que 10% à 20% de la population roumaine). Epidémies de sida, d’hépatites, et de choléra provoquées par du matériel de transfusion non stérile... etc.. ce nombre incroyablement élevé d’enfants roms dans ces orphelinats serait le résultat d’une politique raciste cohérente du régime totalitaire: au nom d'une prétendue supériorité des "daces", le peuple qui habitait la Roumanie avant la conquête par les romains en 101, les roms étaient réduits à une main d'œuvre servile dont ces mouroirs avaient pour but d'éponger le surplus..




La "révolution" roumaine et les pogroms qui ont suivi

Lors de la "révolution" roumaine de décembre 1989 qui débarrassa le pays du couple Ceausescu, l'atmosphère de racisme dont les Roms sont les premières victimes demeurait. Des rumeurs circulent, les Roms auraient tous étaient des agents de la Securitate, Ceausescu lui-même aurait été un Rom, la presse ne cesse de publier des articles sur des foules de Roms armés de couteaux qui sèmeraient la terreur dans le train Sofia-Bucarest, ou que l’Orient express devra être placé sous surveillance policière pour éviter les raids romani etc... Une véritable campagne de pogroms anti-roms se développe dans toute la Roumanie. Le 24 décembre 1989, dans le village de Virghie, des villageois assassinent deux Roms et brûlent leur maison. A Turulung, 36 maisons appartenant à des Roms sont incendiées le 11 janvier 1990. Le 29 janvier, ce sont cinq maisons qui sont incendiées à Reghin ainsi que quatre Roms assassinés et six maisons incendiées à Lunga le 5 février, etc.
 

Du 13 au 15 juin, des mineurs ont été amenés en train à Bucarest par le gouvernement pour réprimer des manifestations anti-Illescu (alors chef du gouvernement) et encadrés par des officiers de police, ces mineurs se sont aussi dirigés vers les campements roms de la banlieue de Bucarest... qu'ils détruisent. Des hommes sont battus jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance et des femmes violées. De nombreux Roms ont alors été emprisonnés et relâchés seulement quelques semaines plus tard, sans qu’aucune charge ne puisse être retenue contre eux. A Cuza Voda, 34 maisons appartenant à des roms sont incendiées et 29 à Catinul Nou le 12 août, etc. De telles violences, quasiment quotidiennes, ont lieu, parfois accompagnés de lynchages. Il arrive que la cause officielle de ces flambées de violences racistes soit une simple rixe à une sortie de bal entre gadjé et roms. Dans ce cas la police intervient, après les pogroms, pour arrêter les roms qui auraient participé à la rixe !

Après un tel pogrom dans la nuit du 12 au 13 octobre 1993, une commission gouvernementale publie un rapport où l’on peut lire que "les événements n’ont pas motivations ethniques", puis expliquent que la communauté rom a sa part de responsabilité puisque elle est un danger pour la stabilité ethnique du village car ils ont entre 5 et 10 enfants, ne sont pas du village, ne possèdent pas de terre donc "certains vivent du vol"... que leur niveau culturel est très bas, nombreux sont ceux sont illettrés... qu'ils sont orthodoxes mais n’observent pas les rites, n’ont pas formé de société agraire, perturbent l’ordre par des violences verbales, des discussions obscènes, un langage trivial, volent etc. Ce rapport, véritable synthèse des préjugés racistes dont sont victimes les Roms est significatif de la façon dont la police et la justice roumaines traitent alors ces pogroms meurtriers.


"Mort aux tziganes"! (en 90!)
Ce genre de violences de grande envergure à l’encontre des roms a perduré pendant toutes les années 90. Depuis, si on en croit le rapport de la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (rendu public le 23 avril 2002), "les affrontements violents, comme ceux qui se sont produits durant les années 90 entre les groupes majoritaires et minoritaires de la population, notamment avec la communauté rom/tsigane, se sont apaisés". Pourtant, les discriminations subsistent à tous les niveaux : violences policières régulières, politiques municipales dont le but est de chasser les Roms, ségrégation dans les écoles, discriminations à l’embauche, il arrive que dans les ANPE des offrtes d'emplois précisent qu'elles ne s'adressent pas aux roms, discriminations quant à l’accès aux soins ou à certaines aides sociales, articles de presse et reportages télévisés les présentant régulièrement comme un peuple de délinquants, etc... A cela s’ajoute les partis d’extrême droite raciste, essentiellement le Parti Romania Mare (Parti de la Grande Roumanie) et leur propagande anti-rom, antisémite et anti-magyar (anti-hongrois). La Nouvelle Droite colle régulièrement des affiches avec pour slogans "Mort aux tsiganes !" ou "Les roms hors de Roumanie! "

C’est ainsi que le 13 mars, une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont attaqué un quartier romani dans le village de Sabolciu; le 8 mai 2002, environ 200 supporters de foot s'en sont pris à un quartier rom à Bucarest en criant "les tsiganes hors de Roumanie", les agresseurs tabassant des Roms, cassant les carreaux des maisons et détruisant les portes pour entrer dans les habitations. La Desrrobireja des roms reste toujours à conquérir. Cela explique -à nouveau:- leur exode vers les pays plus "calmes", la France notamment, le pays des droits de l'homme dont Sarko est un pur fleuron (!)

___________________________________________
Notes. Le terme officiel de Roumanie n’apparaît qu’en 1861, après l’unification des principautés de Valachie et de Moldavie. La Valachie est la région de Bucarest, tandis que la Moldavie celle de Iasi. Le pays qui aujourd’hui s’appelle Moldavie est par contre né de l’unité de la Bessarabie et de la Transnistrie.

"Rom" ["homme" en romani] et c’est par ce terme qu’ils se désignent eux-mêmes -parfois-. Comme en roumain le terme "tsigan" est devenu synonyme d’esclave, nous n’employons le mot français "tsigane" que pour traduire des textes d’esclavagistes et/ou de racistes.
Gadjé: pluriel de "gadjo", terme désignant pour les Roms tous ceux qui ne sont pas originaires des "peuples du voyage", terme par lequel on les nomme parfois, car les roms sont pour la plupart sédentaires même s'ils prennent souvent la route, bien malgré eux...
Un roman de Mattéo Maximoff "Le prix de la liberté" traite justement d’une révolte romani au 19ème siècle en Roumanie (édition Wallâda).

On estime à 500.000 le nombre de tsiganes d’Europe victimes du génocide sous le nazisme, un chiffre qui, en proportion, est équivalent à celui du génocide juif. Dans la majorité des pays, le sort réservé au Roms fut semblable à celui des juifs: massacre par des unités de la SS en URSS, extermination dans les camps de la mort pour les Roms et Sintis d’Allemagne, d’Autriche et de Pologne, etc.


Un piège particulièrement pervers pour exterminer les roms

Le camp de Terezin comportait une zone totalement séparée qui leur était réservée, figurant une sorte de "village" pimpant avec même des pots de fleur aux fenêtres... où au départ ils furent bien traités, nourriture, musique, travaux peu pénibles... on leur fournit même des cartes postales du camp pour envoyer à leur famille... et après que tous furent venus les rejoindre, on les gaza jusqu'au dernier. Le racisme des nazis à leur encontre était tel qu'ils ne voulurent même pas les "sélectionner" pour des travaux épuisants comme ils le faisaient pour les juifs.

_____________________________________________________
Sources: Hancock, "Roma Slavery"..."The Pariah Syndrome" in "Patrin"
Claire Auziaz "
Samudaripen, le génocide des tsiganes", Editions L’esprit Frappeur, Paris 1999
Article de Hoboctb n°10 - décembre 2002. Pour tout contact: HOBOCTb C/o CESL - BP 121 - 25014 Besançon cedex. E-mail: helenelarrive@gmail.com (l'autre adresse ne marche pas.)
Cité par Joseph Varéa, que je remercie ici, ainsi qu'Anic Darnault pour son tableau ("l'oeil").
___________________________________________________


Mihail Kolganiceanu,
le Lincoln roumain





Mihail Kolganiceanu 1817-1891, historien, romanologue et homme politique. Qui le connait ?
Créee en 1861 La Roumanie est l'unification de la Valachie (Bucarest) de la Moldavie (Iasi) et de la Transylvanie. Mihail Kolganiceanu en fut brièvement le premier ministre. 


Précisions sur l'esclavage, une abolition par étapes


Lorsqu'on lit que l'esclavage des Roms a été aboli en 1856 suite à l'influence des idées propagées par le révolution de 1848, c'est inexact. Certes, dès 1837, Kogalniceanu -cité plus haut- et des progressistes s'insurgent, mais si des propriétaires terriens, l'Eglise, en 1844 pour la Moldavie, en 1847 pour la Valachie, commencent à les affranchir, c'est parce qu'ils ne leur sont plus utiles... et, si la révolution démocratique-bourgeoise -1848- des ''bonjouristes"… [de jeunes intellectuels francophiles, imprégnés des idées de la révolution dont les épigones furent Panait Istrati, Tzara, Cioran...] patriotes combattant l'empire ottoman, annonce "la libération immédiate de tous les tsiganes''... dès 1849, il est rétabli par les forces turques et russes victorieuses. La lutte pour l'abolition continue et, s'il devient illégal en 1855 en Moldavie et en 1856 en Valachie, cela n'a pas d'effet et c'est le Prince Ioan Alexandru Couza, dirigeant à partir de 1861 de la nouvelle "Roumanie" qui, sous l'impulsion de Koglniceanu, l'abolit deux ans après -il ne s'est pas hâté- c'est à dire en 1863, ainsi que le servage. On observe donc que de 55 à 63, l'esclavage théoriquement "interdit" était toujours pratiqué en Roumanie.

http://roms.blog.tdg.ch/archive/2010/08/23/rroms-esclaves-en-roumanie-les-rroms-continuent-a-payer-le-p.html '
Note : sur ce site par ailleurs excellent, il a sans doute confusion entre les ''rétablisseurs'' de l'esclavage. Sa restauration en 49 n'est pas le fait d'Alexandre Couza mais des forces turques occupantes -avec la complicité des barons valaches et moldaves collaborateurs-. En fut-il le complice par opportunisme avant de devenir, sous l'impulsion de Mihaïl Kolganiceanu son ami et ministre, son abolisseur ? Question ouverte.



Controverses, un peu de philosophie...
Le honte d'être rom

Jean-Marc Turine ''Le crime d’être Rom'' (Ed. Golias)

"Lorsque Simon Wiesenthal demanda en 1984 à Elie Wiesel que les Roms soient représentés dans le Conseil qui visait à perpétuer le souvenir de la Shoah, celui-ci lui répond sans détour qu'''il ne fallait pas dévaluer l’Holocauste''.. ce à quoi Wiesenthal rétorque qu'''il ne fallait pas dévaluer le nazisme'', car les Roms, au même titre que les Juifs, ont été victimes du racisme fanatique du régime hitlérien. Leur extermination a même été planifiée de plus longue date puisqu’en 1906 déjà, un certain Alfred Dillman préconisait de débarrasser l’Allemagne de ce peuple ''criminel, asocial et fainéant'' par nature.
Cet épisode illustre le fait que certains dans la communauté juive tentent de s'accaparer le statut de victimes uniques du génocide nazi quitte à verser dans le négationnisme du génocide rom. En tronquant et en minimisant la réalité de l’entreprise de mort que constituaient les camps d’extermination, ils mettent ainsi à mal les efforts d’autres intellectuels juifs qui, conscients de la capacité de leur communauté à imposer au monde la mémoire de la Shoah, sont les avocats dévoués à la mémoire du génocide rom.
Les Roms eux-mêmes portent-ils une responsabilité dans ce déficit de mémoire?
Si la communauté rom a refusé les compensations que lui proposait l’Allemagne, ce refus ne constituait en rien un déni de mémoire mais s’expliquait par le fait que les compensations étaient attribuées à titre ''humanitaire'' et non en tant que ''victimes de crime contre l’humanité''. Une insulte à la mémoire : ils n’ont pas été victimes de la famine ou d’une catastrophe naturelle ! Cela dit, il est certain que des conflits internes à la communauté ont miné le poids de leur représentation et leurs chances d’inscrire de manière forte la réalité de la tentative d’anéantissement de leur peuple dans l’Histoire.
Et l’argument qui fait des Roms un ''peuple de l’oralité'' qui craint le passé et désire l’enfouir?
Certes, il existe un certain esprit selon lequel ''le passé fait peur, le futur ne risque pas d’être meilleur, donc il faut vivre dans le présent''. Mais cela ne signifie pas que ce peuple n’ait pas de mémoire. Sans mémoire, un peuple meurt. Sans doute leur tradition orale, au contraire de la tradition livresque juive, s’est-elle trouvée dépourvue face à la question de la transmission au sens où nous l’entendons. Mais peut-on considérer qu’un peuple de tradition orale est pour autant sans mémoire?
C'est à cause de la non reconnaissance du génocide subi par les Roms qu’il est possible aujourd’hui qu'ils soient traités d’une manière aussi violemment discriminatoire. Cela n'eût pas été possible si la communauté rom avait bénéficié d’un statut clair et officiellement admis de victime de génocide. Les autorités politiques européennes, se rendant sciemment coupables de ''non assistance à peuple en danger'' prennent le risque de voir éclater à tout moment une véritable bombe sociale.
    Qui que vous soyez, soyez remercié au nom de la communauté des voyageurs. Je suis Rom de Macédoine et depuis ma plus tendre enfance j'ai été élevé dans une ambiance de non-dit sur nos origines. Savez-vous combien de personnes de ma famille n’osent pas dire que nous sommes ce que nous sommes? Imaginez le nombre de sédentaires depuis des décennies ou des siècles, intégrées, qui n’osent s’affirmer ou du moins ne pas se cacher. Cette communauté se laisse dépecer. J’ose espérer qu’un jour, des gadje comme nous avons pour habitude de les nommer se préoccuperont des ''pauvres'' que nous sommes (beaucoup trop d’entre nous sont analphabètes donc sans armes pour se défendre.) Veuillez cher humaniste, recevoir ma pleine gratitude." Interview par Amnesty international de l'auteur reprise sur le site d'Amnesty avec ce commentaire.
    _________________________


Faysal Riad, linguiste, voir blog :
"Les roms, et les autres exclus"


Selon le Robert, les Tsiganes sont des populations originaires de l’Inde, apparues en Europe au XVIe siècle, qui mènent une vie nomade en exerçant divers petits métiers...
C’est ce qu’on croit des Bohémiens, Gitans, Zingaros, Manouches, Romanichels et autres Roms. Issus d’une migration partie d’un point unique, l’Inde, et vivant en marge de toutes les sociétés, la vision est fondée sur un schéma évolutionniste crée de toutes pièces par des historiens européens au XIXe siècle.

De bons musiciens

Très souvent méprisés, exécrés, ils n’intéressent personne. Le succès de ces clichés permet de ne pas voir la violence avec laquelle sont traités habituellement les nomades marginaux: s’ils sont pauvres, qu’ils vivent dans des conditions intolérables, c’est que cela fait partie de leur culture...

En réalité, les nomades d’Espagne, de France ou de Bohême ne parlent pas la même langue, n’ont pas la même culture et ne sont pas tous originaires d’Inde. Cf Nicole Martinez ''Que sais-je ?'' sur les Tsiganes. L’orientalisme, part souvent d’idées préconçues, fausses ou a demi vraies qui ont toutes réduisent les responsabilités des sociétés excluantes.

Comme c’est le cas lorsqu’on veut inférioriser un groupe sans pour autant paraître raciste, certains clichés se veulent positifs : comme les noirs souvent considérés comme moins intelligents mais par ailleurs de bons chanteurs, de bons danseurs et de bons coureurs, nos Tsiganes, ''voleurs de poules'' feignants, sont de grands musiciens et leurs femmes de grandes danseuses... Si le talent musical de Mozart ou de Debussy s’explique par leur génie propre, celui de Django Reinhardt ou de Sayyed Youssouf ne peut s’expliquer que par la vélocité propre à son peuple...




Un peuple unique, une origine commune ?


Dans le monde entier, ont toujours vécu en marge des sociétés des ''populations flottantes''. Peut-être d’origine indienne... Des guerres oubliées, des massacres dont personne ne se soucie, ou des tragédies dont les historiens ont peu parlé, ont poussé de nombreux groupes très différents à migrer pour survivre. Exemple : la destruction de ville de Belluno en 1873, dont les quelques survivants qui n’étaient pas d’origine indienne, ont migré un peu partout. Il y a des groupes qui passent pour des Tsiganes un peu partout dans le monde: Tatares scandinaves, Tinkers irlandais, Sankas japonais ou Pochas arméniens. Toujours méprisés, ils ont rencontré de grandes difficultés pour se sédentariser. Il serait néanmoins naïf de croire que les roms du Bourget ou de la Courneuve sont les descendants des Égyptiens présents dans l’oeuvre de Molière, car nombre d’entre eux ont fini par acquérir une nationalité et se sont finalement installés dans les sociétés qui les avaient exclus, profitant de périodes d’ouverture relative (ce n’est à l’évidence pas le cas de notre époque, qui a plutôt tendance à les rejeter violemment) note de moi : parfois, rarement, à un haut niveau et souvent dans des professions artistiques (Zavatta, Bouglione -qui disait de lui qu'il était "analphabète, gitan et milliardaire, dans l'ordre de l'importance"-, Cziffra, Carmen Amaya, Manitas de Plata, Django Reinhardt etc...)

Rêves et cauchemars européens

Notre imaginaire collectif, s’exprimant à travers la littérature ou la peinture, a depuis très longtemps considéré contre toute logique que tous ces peuples avaient une seule et unique origine, forgeant ainsi une identité fictive très mystérieuse, tour à tour objet de haine, de peur, de curiosité, de mépris, ou le cas échéant, objet d’amour ou de compassion.

Baudelaire a largement contribué à la mythification des bohémiens aux prunelles ardentes; de même que Victor Hugo et sa Cour des miracles... A cet égard, l’évolution du sens du mot bohémien est très révélatrice de l’exploitation romantique de ces nomades exclus de toutes parts. En réalité, cette littérature tsiganophile dressant le portrait-robot d’un nomade immuable et éternel nous en apprend plus sur les pulsions et les peurs de nos sociétés que sur les véritables Tsiganes ou sur nos capacités à exclure des groupes divers et variés.

Traits communs

Les comportements similaires observés par les tsiganologues, qui seraient autant de preuves de l’origine commune de tous les peuples flottant à travers l’Europe, ne sont que des traits communs à toutes les populations défavorisées. Ces comportements s’observent notamment au Mexique, dans les cités dites de transit françaises, dans les ghettos noirs américains, ou chez exclus paupérisés des pays de l’Est. Des traits communs sociologiques ne suffisent pas à créer un peuple, et la culture ne peut se réduire au mode de vie: tous les nomades n’ont pas la même origine et l’isolat social ne l’implique pas. Tous ceux que nous appelons Tsiganes ne parlent pas la même langue et leurs musiques par exemple sont très différentes.

Il n’est dès lors pas étonnant de voir des peuples divers, n’ayant souvent aucun lien entre eux, adopter des modes de vie comparables lorsque leurs situations sont comparables exclus, vivant en groupe et vivant dans des espaces périphériques, s’habillant de bric et de broc. Mais essayez de vivre en famille dans la banlieue d’une grande ville européenne avec trois fois rien, vous verrez comment vous seront facilement attribuées d’évidentes origines indiennes..." Faysal Riad, voir blog cité précédemment.







Les Droits de l'homme
Ma réponse à Marc sur un fil
au sujet des roms

"La France est le pays des droits de l'homme... et sais-tu, on a une réput d'enfer à laquelle je dois peut-être la vie... un jour qu'à Beyrouth où on venait d'arriver, on a été arrêtés à un check point; un soldat de la la "force arabe" [des casques bleus] m'a demandé de "sortir mes papiers", j'ai mis la main à mon sac... et tout de suite, un bruit bizarre "klllkkk", je lève la tête : la kalach armée est braquée à quelques centimètres de ma tempe, le cri en arabe mon mari "elle est française", et au mot française, j'ai aussitôt vu s'abaisser le canon, un disjoncteur! C'était un brave type qui m'a dit ensuite pour écraser le coup : "excuse-moi, je pouvais pas savoir, au Hamas aussi, ils en ont des blondes, des jolies comme toi..." Faire sauter la tête d'une française, le pays de Schoelcher et des droits de l'homme, tout confus il était... On a bavardé ensuite quelques secondes en copains: "c'est pas grave, je comprends, allez, j'ai même pas eu peur..." On s'est marrés : de retour à Ndiago, il se serait fait tirer les oreilles bien comme il faut par sa maman qui ne plaisantait pas avec l'abolition de l'esclavage... Or pour elle, c'était la France, à jamais respectable.. De cela il faut se montrer dignes... et faire savoir partout très fort qu'on se défausse de Sarko. [Au fait, est-il vraiment tout à fait français, celui-là ? Faut voir : il serait mal fringué et dans un camp de roms qu'il ne ferait pas un pli, ouste, dehors.] Hélène."

________________________


Et une belle analyse de Georges Apap
citée par Jacques Cros
"Casse toi, pov’rom !"

Nous aurions aimé voir nommer des préfets humanistes, sachant s’entourer de gens de culture et d’expérience, de professionnels de l’enseignement, de travailleurs sociaux, d’experts en sciences humaines, de policiers attentifs autant au respect de la loi qu’à celui des personnes, de spécialistes de la jeunesse délinquante, les uns et les autres soucieux de paix sociale.

Je parle de nous qui voulions aider certaines populations injustement traitées par des institutions hostiles et une opinion mal informée. Nous voici détrompés. Dans une proclamation tonitruante du 21 juillet 2010 le Chef de l’Etat annonce la nomination de deux préfets à poigne, tous deux grands policiers, avec la mission précise de chasser les Roms de leurs campements illicites. La solution était évidente. La délinquance est apparue dans notre pays avec l’arrivée récente de ces populations, Roumains persécutés dans leur pays, ou anciens Yougoslaves devenus apatrides. Ils ne peuvent être expulsés, les uns parce qu’ils sont communautaires européens, les autre parce qu’apatrides.

Depuis qu’ils sont parmi nous, les crimes et délits prolifèrent. On citera la corruption qui règne dans les sphères gouvernementales, les fraudes fiscales, les abus de biens sociaux, les évasions de capitaux, les délits d’initiés, et plus généralement toutes ces malversations qui épuisent les ressources du pays. Le Président a raison de les dénoncer à la vindicte publique.

Le remède devient évident. Il faut les chasser de camp en camp, de bidonville en bidonville. Oui mais jusqu’où ? C’est là que se posera la question d’une solution que d’autres ont appelée "finale". Encore un tout petit degré à franchir dans le tragique…

Cependant l’intégration de 15 000 roms dans un pays de 65 millions de citoyens généreux nous paraissait chose aisée, de même, à une échelle plus réduite, celle de 150 hommes et femmes dans une ville comme Béziers de 70 000 habitants accueillants, ne devait pas, pensions nous, poser de graves problèmes d’ordre public. Quelle erreur était la nôtre ! Le Président nous montre la voie : "Casse toi pov’Rom" !
Béziers le 22 juillet 2010. Georges Apap, ancien procureur de la République.
______________________________________

Ainsi qu'un texte poétique de Jacques Cros évoquant les roms que nous avons tous connus autrefois -voir le blog cité plus haut- mais auquel je ne souscris pas car il exhale un zeste de condescendance bon enfant typique de ce qu'ils pouvaient subir a minima de la part de populations relativement bienveillantes, intéressant pour cela  -en italiques, les passages en cause-.

 "Les Caraques"


Cessenon, comme toutes les communes du Midi, connaissait les gitans. Le mot que l’on employait pour les désigner était "Caraques". Certains d’entres eux, il me semble que c’était le cas des Amador, avaient même une maison dans le village.
Dans la rue du Fer à Cheval habitaient un frère et une sœur qui devaient s’appeler Rey. Lui était violent et je pense qu’il a fini par être interné. Elle a continué à survivre là de manière misérable, sans aucun confort. Elle ne devait avoir ni eau ni électricité et sans doute pas de revenu. Cette maison, appelée la maison de la gitane, a été récemment démolie de même qu’une remise voisine qui appartenait à Georges Borras. Ainsi a été créée une petite place, baptisée la Place des Cuves car on a gardé les cuves qui étaient dans la remise.

Une autre personne du village, amie de ma mère, avait des antécédents chez les gens du voyage mais elle s’était mariée et sédentarisée. Elle savait réparer les parapluies et on la désignait sous le nom de La Paraplejaira..
Quelles étaient les activités des gitans ? Vanniers sans doute, commerçants aussi. On voyait surtout des femmes qui proposaient du fil, des aiguilles, du tissu, des fioles contenant un produit permettant de fabriquer du pastis. Quelques-uns achetaient et vendaient des chevaux. Il paraît même qu’ils savaient les maquiller et les faire apparaître plus jeunes et plus en forme qu’ils ne l’étaient. Certains, les Patrac je crois, s’étaient spécialisés dans le trafic des voitures.
A cette époque il n’y avait pas d’aire d’accueil pour les forains vanniers (oui encore une expression pour les désigner) et ils stationnaient un peu partout, notamment à la sortie de Cessenon sur la route de Saint-Chinian, dans un endroit qui a pour nom Limore.
C’était encore le temps des roulottes tirées par des chevaux qui n’auraient pas remporté de prix à Longchamp ! Ils se nourrissaient comme ils pouvaient, broutant l’herbe des talus. Mon père avait raconté le tour imbécile, il aurait pu être dramatique, que les jeunes du village, lui-même y avait peut-être participé, avaient joué à des gitans qui avaient mis leur roulotte dans une terrain en pente : ils avaient enlevé les cales qui la maintenaient immobile !
L’été il arrivait que s’installait sous le pont qui enjambe l’Orb toute une tribu. Les enfants étaient dépenaillés, les femmes vêtues de noir, les hommes pas très présents… C’était un spectacle car nous étions au contact direct depuis le pont avec eux et leur intimité. J’ai le souvenir précis d’une corneille ou d’un corbeau qui avait été élevée par ces gens et qui circulait librement parmi eux sans chercher à fuir.
Des gens peu intégrés, vivant d’une manière marginale et comme tels un peu inquiétants ! C’est du moins l’image que j’en avais mais à la réflexion c’était d’abord une population considérée comme au bas de l’échelle sociale. Et d’ailleurs un ouvrier agricole, posait cette question à ses enfants en parlant de ses patrons qui lui procuraient emploi et revenu : "Qu’est-ce que nous serions si ce n’étaient pas eux ? "A quoi les enfants devaient répondre " Des Caraques !"
On les considérait comme chapardeurs, ce qui n’était sans doute pas tout à fait inexact. D’ailleurs un des Amador, assez copain avec mon père, lui avait livré cette phrase qui avait valeur de quasi aveu : "Raubam pas res à digús mai la primièra frucha es per nosautres !" (Nous ne volons rien à personne mais le premier fruit est pour nous !)" Jacques Cros

Ce pourrait être ce qu'on voyait autrefois
_________________________________

Mon commentaire : qu'est-il advenu après la sale "blague" de monsieur votre père lorsqu'il était gamin ?
En quoi dire "la première figue est pour nous" est-il un aveu, et de quoi ? Il n'est pas interdit de cueillir les fruits d'un arbre s'il est en terrain public ou délaissé dans la garrigue.

Note: le terme caraque, pas forcément péjoratif à l'origine, désignait les roms du midi, plus "indiens" d'allure que les tsiganes de l'est qui sont parfois blonds aux yeux bleus, et pourrait provenir du grec "korakia", corneille, ou du turc "kara", noir, ou encore des vaisseaux espagnols à amples voilures homonymes.
____________________________

Excellent article dans "La Marseillaise" d'Isabelle Jouve ce jour le 20 août appelant pour samedi 4 septembre à partir de 17 heures devant le théâtre à un "cercle du silence"... article dont je ressors cette citation de Bernard Deschamps http://www.4acg.org/spip.php?article330 [association des anciens appelés en Algérie contre la guerre].

"Les déclarations du Président et les décisions de son gouvernement sont contraires aux principes de la république issus de la révolution de 1789 qui ne reconnaissent que des citoyens et non des ethnies ou des communautés. Ce sont des populations entières qui sont jetées en pâture et contre lesquelles des dispositions sont prises pour restreindre les libertés individuelles. L'état français, par son comportement... ouvre la voie aux pires débordements et justifie par avance les actes de violence dont cette population pourrait être victime..."
Y a-t-il un avocat dans la salle ? Question pour Ralph Blindauer : tout ceci est-il très "légal" ? Ca sent un peu le Vichy, isn'it? Ce serait-y pas un peu anti constitutionnel par hasard?
                                                                                      Un concept : Sarkopet

____________________________________________
Vichy - Pas Vichy ?
(Gosselent, in, "Le monde diplomatique")

"Peut-on comparer l’attitude actuelle de la France à l’égard des Roms à celle de Vichy à l’égard des Juifs? Non, car tant qu’il n’y aura pas menace de mort et mort effective, c'est sans commune mesure. Oui car eût égard à ce que nous savons de la notion de génocide aujourd’hui -que le monde de Vichy ignorait- nous devons être tout particulièrement vigilants quant aux droits de gens dont des parents ont été victimes d’un génocide -et qui peuvent donc l'être à nouveau-. Quand on essaye d’imaginer ce qui se passerait si un pays d’Europe avait cette attitude à l’égard de sa population juive, on comprend immédiatement en quoi l’attitude française est inacceptable. Une telle attitude contre les Juifs est tout simplement impensable, inimaginable partout dans le monde, même en Iran, en Corée du Nord, au Soudan...
Apparemment, avec les Roms, ça n’est pas pareil, c’est un génocide certes, mais ça ne donne pas d’obligation morale à protéger spécifiquement les droits des victimes ou de leurs descendants. La France -qui a reconnu le génocide arménien- vient d’inventer une catégorie, le sous-génocide, le génocide qui n'impose aucune obligation morale, dont on n'a pas à tenir compte..."

"Mon père à eu des très bons amis d’enfance Roms et il nous a prénommés mon frère et moi avec les prénoms de ces deux amis. Il y a deux points que je trouve important de souligner à propos des Roms et de leur culture. La société Rom est très orientée vers la transmission de divers savoir-faire, d’individu à individu. Compte-tenu -cause et conséquence- de leur itinérance -voulue et subie- les Roms ont eu peu accès à l’école mais ils ont su transmettre des savoir-faire -notamment artisanaux et artistiques mais aussi médicinaux- de générations en générations.

De ce point de vue, leur approche de la connaissance est similaire à celle de ceux qu’on appelle Peuples Premiers (Autochtones, Aborigènes, Premières Nations). La pédagogie est indissociable des structures de base de la société, notamment la famille.

Et pour ce qui est justement du lien entre les Roms et un territoire originel, il convient de noter que les Roms ont suivi, des siècles plus tard, le trajet des Indo-Européens. De ce point de vue, leur périple est absolument remarquable ethnologiquement, puisqu’ils ne savaient rien des Indo-Européens et n’avaient pas non plus conscience de faire un périple, ils changeaient simplement souvent d’endroit, et ces changements ont constitué un périple seulement après plusieurs générations. Pour les individus, ce périple était invisible, et inconscient. C’est tout à fait remarquable que les Roms aient reconstruit ce périple sans le savoir et qu’ils aient été les seuls à le faire.

Excusez le parallèle entomologique mais cela me fait penser au périple des papillons Monarque en Amérique du Nord qui font une migration qui leur prend plusieurs générations. Personne n’a à ce jour découvert comment ils pouvaient refaire le trajet de leurs parents sans l’avoir appris d’autres individus."

Note de moi : lorsqu'on lit un article de journal ou qu'on entend un discours à leur sujet, remplacez toujours mentalement le mot "rom" par le mot "juif" et vous verrez tout de suite l'effet que ça fait... merci à Roland Matteoli, de "datzibaoued" qui m'en a fait prendre conscience ! Je ne trouvais rien de grave à voir écrit dans les feuilles de chou régionales ou nationales "le gendarme qui a tué un gitan" etc... Oui, c'était bien le cas, non? Et lorsque j'ai remplacé le mot "gitan" par le mot "juif"... Ca change tout ! Honte à moi.
_____________________________________________

Résumé, étymologie et histoire


''Tous les préjugés mènent aux Roms''
Hervé Favre, La Voix du Nord

मनुर् भव जनया दैव्यं जनम्
Deviens l'Homme, pour créer la race divine.

Les Roms ou Doms (hommes en hindi) partirent du Sind actuel (ce sont des sinti) et du nord du Pendjab vers l'an 900 en deux vagues dont la seconde 3 siècles après. Sans doute des ''intouchables'' et des artistes musiciens renommés, car les professions des hors-castes particulièrement méprisés [bouchers, équarrisseurs, fossoyeurs..] comprenaient aussi les ''saltimbanques'' c'est à dire des artistes...et des militaires. Chassés ou au contraire envoyés en ''ambassade'' à la cour de Perse, ils parlaient le sanskrit et l'hindi-ourdou et le parlent toujours : c'est le ''romani'' leur langue actuelle qui comporte cependant des emprunts aux divers pays où ils se sont établis au point que certains l'ont oubliée (et elle fut parfois interdite) et que se sont créés des idiomes comme le ''calo'', mélange de romani et de vieil espagnol, tout comme pour les juifs le ladino que parlent les séfarades, mixte d'hébreu et d'espagnol, ou le yiddish des ashkénazes, tiré de l'allemand ancien et aussi de l'hébreu..

Romanichels ou ''romani tschel'' (tschel=tribu) signifie simplement ''tribu d'hommes'' en romani Manouches, de ''manusha'' qui veut aussi dire homme en sanskrit.

Gitans (gypsies en anglais) vient d'Égypte, mais en grec ''gyps'' signifie recycleur, équarrisseur et ''gyftos'' ferronnier, ferrailleur... ainsi qu'une montagne. L'ethnonyme ''gitan'' désigne les roms ayant migré vers le sud, Espagne, Midi etc... (Gitanos) par opposition à ''Tsigane'' et il est peu utilisé par les Roms qui le considère comme péjoratif, tout comme ''tzigane'' -au 18ème, il fut remplacé par égyptiens.

Tsiganes. Désigne les Roms du nord et occidentaux, le terme, issu de Zingares (du sanskrit ''Sinti'') ou ''harijana'' (intouchable en sanskrit également)... [en grec ''astiganos'' qui est peut-être le dérivé de ''harijana'' désignait une secte ''qui ne touchait personne'' mais peut-être aussi ''que personne ne pouvait toucher'']... mais l'ethnonyme pourrait aussi venir de ''sagaie'', arme de jet qu'ils fabriquaient... et utilisaient ; il a donné ''Zigeuner'' en allemand, ''Cigány'' en hongrois, ''Zingaro'' en italien... et, utilisé lors de l’esclavage des Rom, dans les pays slaves, il est synonyme d'esclave donc péjoratif également -moins en occident-... Il fut celui des nazis: les Tsiganes préfèrent le S au Z, qui était tatoué sur eux par les SS dans les camps de la mort pour ''Zigeuner'' -et qui n'existe pas dans l'alphabet sanskrit-. 

Les Yéniches, les roms des roms

On trouve parfois un certain dédain des ''tsiganes'' pour les ''gitans'' plus méditerranéens, de ceux-ci vis à vis des "roms" de Roumanie acculturés, et de beaucoup envers les yéniches, une communauté de 300 000 personnes vivant surtout en Alsace -la plus importante parmi les roms- souvent chaudronniers ou ferrailleurs, sans doute issus d'origines différentes, de type européen, parlant un langage proche du yiddish et portant des patronymes identiques à ceux des hébreux... qui se définit quelquefois comme rom mais d'autres fois s'en démarque -par opportunisme?- et... vice versa. Leur vie est extrêmement précaire, ils sont souvent tout particulièrement méprisés, si bien qu'on a pu dire d'eux qu'ils étaient les roms des roms. Nombreuses sont ces familles d'exclus vivant dans des bidonville-décharge avec de très nombreux enfants, totalement rejetés et repliés sur eux et -cause ou conséquence, sans doute les deux- parfois, l'alcoolisme aidant, délinquants violents...

L'éducation nationale remise en cause



Note de moi : l'exclusion totale a entraîné parfois des mariages entre membres de groupes assez restreints, ce qui n'est pas bon génétiquement, voir les rois de France -ou d'ailleurs.- Et même dans des cas -rares- où on tente de les inclure, il arrive qu'ils le refusent par orgueil ou méfiance -et on peut les comprendre lorsque l'on voit ce que ces "tentatives" parfois cachaient. Ainsi, dans un lycée de Créteil où ils avaient établi un camp -sur une pelouse, ce qui ne gênait personne, le campus étant immense- lorsque, avec plusieurs collègues, nous étions venus leur proposer d'inscrire leurs jeunes qui erraient souvent sur le site -nullement agressifs, ils se servaient simplement des toilettes et de l'eau- la chef du clan, une femme de 50 ans -très pieuse- avec laquelle nous avions bavardé autour d'un thé, refusa fortement car nous dit-elle, elle tenait à ce qu'ils soient "bien élevés" et n'avait pas trop confiance en l'éducation nationale, préférant se charger elle-même -avec ses brus- de leur éducation, strictement familiale. Elle redoutait plus que tout qu'un de ses nombreux petits-fils (handicapé -trisomique-) ne lui soit retiré et placé en institution, la famille lui paraissant le seul rempart contre l'exclusion de ceux qui sont hors norme... et elle n'avait peut-être pas tout à fait tort. [Une solution serait les camions-écoles dont l'expérience a été tentée au départ par des instituions religieuses catholiques, avec succès... mais très sporadiques.]
Même notre arrivée -sans rendez-vous- dans le "camp" avait été arrêtée par deux jeunes costauds surgis devant la "porte" tels des soldats en faction -le camp était établi de manière circulaire avec un accès et un seul- qui nous avaient demandé d'attendre, puis escortés chez la chef, leur grand-mère. Ce n'est qu'après son aval qu'ensuite nous pûmes circuler librement. Elle s'en excusa, ils étaient obligés car ils avaient peur des agressions.

Les roms, comme les juifs, peuple lui aussi "errant", portent souvent des noms de villes ou de pays, sans doute indiquant leur origine : France, Lisbona, Stambouli, Maurel etc... et la culture juive a quelques traits communs avec la leur, le syncrétisme en plus -chez les roms-.
_______________________________________

Des articles de journaux
Libération

"Quelques 300 000 Tsiganes (Sintis et Roms) vivent en Allemagne en 1933. Ils possèdent la nationalité allemande. Nombre d’entre-eux ont combattu pendant la première guerre mondiale et s’engagent en faveur de la démocratie sous la république de Weimar. La « prise de pouvoir » par les nationaux-socialistes signifie pour eux le début d’un temps où ils sont privés de leurs droits et persécutés pour des raisons racistes, et qui se termine par un génocide." Vous aurez noté le "privé de leurs droits" je suppose. Ça commence toujours de la même façon en effet, hélas, comme le note un autre site qui parle juste lui aussi : "Il faut garder en mémoire les paroles d’une rescapée des camps de la mort, citée par Claire Auzias, à propos de l’extermination des Roms en Allemagne : “Tout d’abord ils sont déclarés asociaux, ensuite on les met dans un camp de concentration, enfin on les extermine.

___________________________________________________

La Libre-Belgique

Les Roms sont confrontés à une forme de discrimination inédite en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. Hommes, femmes et enfants sont expulsés dans plusieurs démocraties sous prétexte qu’ils constitueraient un risque pour l’ordre public. (George Soros dirigeant le Fond de gestion Soros.)
Les Roms sont persécutés partout en Europe depuis des siècles : évictions et expulsions collectives dans plusieurs démocraties européennes d’hommes, de femmes et d’enfants sous le prétexte qu’ils constitueraient un risque pour l’ordre public.
Récemment, la France a initié les procédures d’expulsion de tous les Roms non français, les considérant comme un groupe criminel, sans qu’aucune procédure juridique n’ait permis de déterminer si ces individus ont commis un quelconque crime ou s’ils représentent un risque à l’ordre public. Les agissements de la France font suite à ceux de l'Italie et de son "programme de sécurité" de 2008, qui avait qualifié les soi-disant "nomades" de menace à la sécurité nationale et avait donc imposé un recours législatif d’urgence visant à l’expulsion des Roms non italiens.
[...] l’expulsion de citoyens de l’Union européenne sur la base de leur origine ethnique sous couvert d’une quelconque activité criminelle est en totale violation des directives européennes sur la discrimination raciale et du droit à la libre circulation entre les Etats de l’UE.
Il est en effet un principe légal établi que le crime doit être prononcé par la détermination de la culpabilité d’un individu devant une cour de justice. De plus, les criminels condamnés ne sont pas habituellement expulsés s’ils sont citoyens d’un autre Etat de l’UE. Ce que la loi européenne prévoit en revanche est que la décision d’expulsion soit prononcée au cas par cas, et jugée nécessaire proportionnellement au crime commis. Cette décision doit en outre prendre en considération certains autres éléments (comme la force des liens que l’individu entretient avec la communauté).
[.... ] Depuis la Seconde Guerre mondiale, les européens ont toujours considéré inacceptable de soumettre un groupe, quel qu’il soit, à un châtiment collectif ou à une expulsion de masse sur la base de l’origine ethnique de ses membres; le fait donc de considérer les Roms de façon collective, au mépris des droits fondamentaux au nom de la sécurité, constitue un précédent inquiétant.
[... ] En réponse à la position de la France, le gouvernement suédois a aussi appelé à une action concertée de l’UE pour encourager la réinsertion des Roms.
Les Roms veulent et peuvent s’intégrer pour peu que l’opportunité leur soit offerte [....] C’est parce qu’ils sont confrontés à une discrimination et à des privations scandaleuses chez eux qu’ils continuent de migrer un peu partout en Europe. L’UE doit admettre que la nature pan-européenne de ce problème exige une stratégie globale et efficace pour favoriser la réinsertion des Roms.
La responsabilité élémentaire de sauvegarde des droits et du bien-être de tous les citoyens est du ressort des Etats membres de l’UE. Les politiques et les programmes pour permettre la réinsertion à l’emploi, à l’éducation, à la santé et au logement doivent être mis en œuvre aux niveaux local et national. Mais l’UE a un rôle déterminant pour motiver, coordonner, contribuer financièrement et contrôler de tels efforts dans le cadre d’un plan d’envergure européenne.
En 2009, l’UE a [...] a donné son aval pour que des fonds structurels soient utilisés pour répondre aux problèmes de logement en faveur des communautés marginalisées, et en particulier des Roms. C’est un premier pas mais [...] cela devrait être étendu à l’éducation, à la santé et à l’emploi. [... ] à l’éducation dès la petite enfance, plutôt qu’uniquement dans le cadre de la formation professionnelle.
La pauvreté structurelle dont sont affligées les communautés Roms est intimement liée au manque d’instruction et au chômage. Les initiatives Europe 2020 de la Commission établissent des objectifs spécifiques pour élever le taux de réussite scolaire et les niveaux d’emploi pour tous les citoyens de l’UE. Les Roms sont tellement à la traîne dans ces deux domaines par rapport à leurs concitoyens que les objectifs visant à réduire ces écarts devraient être totalement intégrés au plan Europe 2020.
Le fossé le plus important entre les Roms et le reste de la population n’est ni culturel ni lié à leur mode de vie - comme les médias voudraient nous le faire croire - mais est bien un problème de pauvreté et d’inégalité. [....] Les logements ségrégatifs sont une barrière à l’intégration et ne génèrent que préjudices et échecs [.... ] [ce sont] d’énormes bidonvilles et implantations dépourvus de réseau sanitaire et des conditions élémentaires essentielles à une vie digne. La détresse de tant de millions de Roms au XXIe siècle constitue une caricature des valeurs européennes et entache la conscience de l’Europe.
La détresse des Roms n’est pas... un problème de sécurité à court terme qui peut être résolu par des mesures draconiennes visant à déplacer les personnes d’un pays à un autre. Cette situation fragilise les valeurs européennes et les principes du droit [...]
Les Roms d’Europe constituent la plus importante minorité ethnique de ce territoire, et le segment de population le plus jeune, avec la plus rapide croissance démographique. [....] L’Europe ne peut pas se permettre une autre génération perdue. C’est une question de droits humains et de valeurs essentielles, et une question cruciale pour la paix et la cohésion des sociétés à travers l’Europe.
Traduit de l’anglais par Frédérique Destribats
_____________________

 La France vue à l'étranger
"La jornada" (Mexique) :
L’holocauste des Roms, hier et aujourd’hui

1496 : essor de la pensée humaniste. Les Roms allemands sont déclarés traîtres aux pays chrétiens, espions pour les turcs, porteurs de la peste, sorciers, bandits et voleurs d’enfants.
1710 : siècle des Lumières. Un édit envoie à la potence, sans autre forme de procès, tous les Roms adultes de Prague. Jeunes et femmes sont mutilés. En Bohème, on leur coupe l’oreille gauche. En Moravie, l’oreille droite.
1899 : apogée de la modernité et du progrès. La police de Bavière crée une section spéciale des questions Roms. En 1929, cette section est transférée à Munich puis en 1937, à Berlin. 4 ans après, un demi-million de Roms meurent dans les camps d’Europe centrale et de l’Est.
Taxés de criminels invétérés, arrêtés massivement, dès 1938, ils sont incarcérés dans des blocs spéciaux de Buchenwald, Mauthausen, Gusen, Dautmergen, Natzweiler et Flossenburg. A Ravensbruck, Himmler crée un espace pour sacrifier les femmes roms soumises à des expérimentations médicales. 120 fillettes sont stérilisées... Des milliers d’autres Roms sont déportés de Belgique, Hollande et France vers Auschwitz, parfois des quasi-centenaires, des femmes enceintes et un grand nombre d’enfants.
Aucun des 5000 Roms du ghetto de Lodz (Pologne) […] ne survécut.
En Yougoslavie, Roms et juifs étaient exécutés pareillement dans le bois de Jajnice. Les paysans se rappellent encore les cris des petits Roms conduits sur les lieux d’exécution.
Dans les camps, seul leur amour pour la musique leur servit parfois de consolation. À Auschwitz, affamés et pouilleux, ils se réunissaient pour jouer et encourageaient les enfants à danser. Mais le courage des guérilleros Roms de la résistance polonaise dans la région de Nieswiez resta légendaire. La musique fut un facteur qui maintint leur unité et les aida à survivre, tout comme la religion le fut chez les chrétiens, les juifs et les musulmans.
Leur génocide ne fut pris en considération ni à Nuremberg ni après. Le gouvernement d'Adenauer déclara que leur extermination avant 1943 avait obéi à des politiques d’État légales, si bien que les victimes d’avant cette date ne reçurent aucune indemnisation. Robert Ritter, l'expert nazi en extermination des Roms, fut libéré. Ce n’est qu’en 1982, 39 ans après, qu’il fut admis que les victimes avaient droit à des indemnisations - la majorité était morte-.
Plus des trois quarts des Roms, 12 à 14 millions, vivent en Europe centrale et de l’Est. La Yougoslavie socialiste de Tito fut la seule à reconnaître aux Roms les mêmes droits qu’aux minorités croates, albanaises et macédoniennes.

La déportation massive de Roms vers la Roumanie et la Bulgarie ordonnée par Sarkozy où ils se trouvent 2 millions -la Roumanie, pays allié des USA et membre de l’OTAN dont le président, Traian Basescu, a qualifié une journaliste de ''sale Tsigane''- est particulièrement perverse : la mortalité néonatale des Roms y est 9 fois plus élevée que la moyenne européenne, et leur espérance de vie dépasse à peine 50 ans.
130 manifestations devaient se dérouler en France et devant les ambassades françaises de plusieurs pays avec le soutien d’organisations des droits humains, de syndicats, de partis de gauche, d’écolo... Selon Ricardo Martinez de Rituerto -elpais.com- le Parlement européen a cloué hier au pilori la France et Nicolas Sarkozy qui expulse -déporte- des centaines de citoyens européens au motif de leur nature prétendument "criminelle". On a du mal à croire qu’en 2010, après le terrible passé de l’Europe en matière de racisme et d’intolérance, qu’une ethnie entière puisse encore être ainsi criminalisée et signalée en bloc comme un problème social.


_______________________

Références: 
Claire Auzias, "Samudaripen"
Tony Gatlif, "Le génocide oublié"
Yan Hancock, "Nous sommes des roms"
Kusturica, "Le temps des gitans" (film)
Mattéo Maximof, "Le prix de la liberté" (sur les netocis)
Miguel Haler, ''La route des gitans'' (roman)
Rajko Djurik, (poèmes)
Marcel Courthiade, "Les roms"
Jean-Marc Turine, "Le crime d'être rom"
Régis Blanchet, "Les roms, un peuple mémoire"
Hélène Larrivé, "Noces kurdes"*
Gérard Huet, auteur de dictionnaires sanskrit-français
Yvon Massardier, auteur d'un dictionnaire romani français
Nadine Stchoupak, auteur d'un dictionnaire sanskrit-français
Jacques Leclerc, linguiste http://ricetrac2.blogspot.com
Henriette Asseo, "Les tziganes, une destinée européenne" 
Yeta Lomka, Awina Borghese, Bartoch, musiciens, auteurs de la musique du film cité  préc.
Pierre Derlon, "Tradition occultes des tsiganes" 
Yan Yoors, "Sur la route avec les roms Lovaras"
Rosa Raidic, Zlato Levak, déportés tsiganes http://bellaciao.org/fr/spip.php?article105317




*Texte de moindre importance pour la question si ce n'est que le héros kurde, à la fin du roman, "avoue" à la narratrice qu'il est en fait à "demi gitan".

______________________________________________

La Marseillaise. Une parenthèse sur un cas

Et un article qui concerne cette fois un français... qui n'arrive pas à le devenir; mauvaise période pour les "immigrés", même en France depuis 50 ans ! Lettre ouverte à Fadela Amara, à Rama Yade et à Bernard Kouchner.


Des amis de la France depuis 3 générations: Zola et Kafka réunis
Djemai est né en 48 en Kabylie de parents "français musulmans". Son père, combattant multi médaillé de 40, vient en France en 45 et travaille 30 ans au fond de la mine tandis que sa mère reste au pays : Djamai ne le voyait que 15 jours par an. Il arrive à son tour en France en 71 à 22 ans, déjà marié. Il travaillera d'abord aux usines Renault puis ici à la SMAC et enfin au nettoyage à Pechiney notre usine bien connue internationalement. Sa femme le rejoint en 74 et sa mère en 76, peu après le décès de son mari. Ses enfants y naissent : ils feront tous de bonnes études. Vie de séparations et de labeur. Une maison, les enfants qui étudient tous -ils auront de bonnes situations- tout baigne : lui à Péchiney, elle, aide-soignante à l'hôpital de St Ambroix.
Et un jour, c'est le drame : voulant rattraper une patiente de 120 kg, elle se claque les cervicales et à 50 ans est à présent tétraplégique, ne pouvant rien faire seule. Il s'occupe d'elle et de tout.
Depuis 2001, il veut être français. Et là, après Zola, c'est Kafka. Il a rassemblé "tous les papiers" qu'il garde soigneusement dans une chemise, bien qu'il ne lise pas facilement le français, il a subi enquêtes etc.. et depuis 2001 le récépissé indique dossier complet. Alors ? Rien. Tel document est périmé, ils ont égaré des photos, ou le dossier entier (il l'a refait SEPT OU HUIT FOIS)... le nom de son père ne s'écrit pas avec i, ou l'inverse... En 2009 nouveauté, on veut des photocop de son passeport... et de celui de sa femme, bonne pioche car elle ne peut se déplacer.
Ils habitent St Ambroix depuis 25 ans, paient des impôts... leurs parents ont combattu pour la France mais ils sont citoyens de seconde zone. Il a écrit aux présidents un à un, qui chaque fois lui répondent qu'ils adressent la lettre à la sous préf... qui lui demande alors un nouveau "papier".
[Si vous voulez la suite burlesque de cette affaire, RV sur http://aujourlejour5.blogspot.com, en date du vendredi 27 août.]

_______________________________________________

Détails techniques importants !


Pour avoir les articles d'Eolas et de Bruno Dewaele, consultez les archives -cliquez en bas à droite-... ou suivez les liens http://www.maitre-eolas.fr/category/Actualite-du-droit
Bruno Dewaele http://alafortunedumot.blogs.lavoixdunord.fr/archive/2010/07/29/roms-l-unique-objet-de-mon-ressentiment.html,
... Je ne parviens toujours pas à les remettre sur la page après avoir tenté de les déplacer. Il paraît qu'il faut changer la date, j'ai essayé, ça ne marche pas, ou dans "paramètres", mettre un nombre de messages important sur la page... j'en ai mis 8, puis 100, ça ne fonctionne pas davantage. Je m'y colle ce soir, j'y arriverai ... mais en attendant, ne les ratez pas, ils sont à la fois désopilants et érudits.. Ainsi qu'un site super, apparemment breton :

_________________________________________

Je termine par une urgence absolue http://sakineh2.blogspot.com

free counters

A en juger par le succès de ce blog -en une semaine- on peut tout de suite dire que Sarko a fait "plus qu'une faute, une erreur" (Talleyrand)... et une énorme. Ca fait chaud au cœur.
Propos de comptoir entendus hier à ce sujet par un gus très très remonté contre Sarko -donc "d'accord avec moi"-.. mais pas pour les mêmes raisons : "Mais c'est pas tout ça -il parle des Droits de l'homme-...
"mais le pire, c'est que ça va nous coûter cher cette combine, parce qu'ils vont revenir et il va encore leur payer l'avion pour le retour, avec nos sous. Et nos retraites ?" Mesquin mais pas idiot. Il fallait y penser.
Une observation : presque tout le monde -il est vrai que Saint-Ambroix n'est pas le monde et nous allons voir un post à ce sujet qui fait de même, d'autant plus grave que visiblement son auteur est un homme cultivé- confond systématiquement "rom" et roumain, roumain et délinquant, délinquant et étranger. Non, roms ne signifie pas roumains -même si certains sont roumains comme les juifs peuvent être allemands, polonais ou français- ; non, les roumains ne sont pas particulièrement délinquants -même s'il en est parmi eux, parfois d'ailleurs de "faux" roumains- ; et non, les étrangers -à milieu social équivalent- ne sont pas plus délinquants que les français. A savoir, dire, répéter jusqu'à ce que ça rentre.

site http://larrive.info
________________________________

Les commentaires
Yveline David
Merveilleux travail. Il faut absolument faire savoir tout ce que vous rapportez dans votre blog. Il faut que le monde sache... je ne parle pas des gouvernements qui eux.. savent fatalement. mais comment faire gronder l'histoire de ce peuple ignoré par la plupart. Faisons savoir et connaitre leur histoire... Partageons et transmettons. A bientôt.


Hélène Larrivé
Merci de tout cœur, du coup, j'ai rajouté le montage diapo. Etes-vous d'Aubenas ? Hélène

Lioubov Dormeur a dit…
Bonjour, Peut-être pourriez-vous transmettre au peuple Rom qu'un auteur français, vivant et très célèbre, est ému et défend leur cause depuis longtemps, grâce au talent de sa plume ? J'ai nommé, Gabriel Matzneff, un autre "métèque"... http://www.matzneff.com/chroniques.php?id_chronique=34#COMMENT

Lioubov Dormeur a dit…
PS : Un autre lien ami de la cause : http://billets.domec.net/tag/Boh%C3%A9miens

Hélène Larrivé a dit… Merci beaucoup. Hélène

Gosse a dit…

Bonjour, Excellent blog historique, très documenté. Je suis stupéfait d'apprendre que le Génocide Roms n'a pas été reconnu au Procés de Nuremberg. C'est comme si on me disait que la Seconde Guerre Mondiale n'était pas formellement terminée. Je vous transmets un lien vers un confrère à vous qui a écrit un post très bien construit sur le génocide des Roms. Jack52, sur Marianne: http://www.marianne2.fr/Dossier-Roms,-la-circulaire-qui-embarrasse-le-gouvernement_a197491.html?com#comments
C'est le commentaire n°10 Bravo pour vos blogs. Gosselent
Je viens du site de "Marianne", ô la méchante blague ! Voici donc ma réponse à ce monsieur dont le vocabulaire un peu court (?) lui fait écrire "voleur" à la place de "rom".
"Vous faites des erreurs de vocabulaire, Jack -comme d'autres-. Le génocide des roms, on dit "samudaripen" -la moitié d'entre eux a disparu gazée pendant la guerre- n'a pas été reconnu à Nuremberg, alors, dire que "les persécutions bien réelles qu'ils ont subies... ne les qualifient nullement pour..." est un peu fort. Vous poursuivez ..."pour enfreindre les lois de quelque pays que ce soit"... sauf qu'il n'enfreignent rien du tout, ils sont expulsés -vous avez lu la circulaire- parce que roms, ce qui est exactement la définition du racisme....[cela, les expulsions] "se pratique partout à travers le monde" précisez-vous. "De quel droit le refuse-t-on à la France?" Du droit que peut-être (?) "on" serait un peu "mieux" question droits de l'homme que des pays comme les Etats unis, la Chine ou la Corée du nord par exemple, mm ? ..."les Roms sont des citoyens européens et ne sont donc pas des étrangers..." et oui; c'est comme ça. Mais vous continuez par une interrogation douloureuse "devrait-on se refuser à punir des voleurs parce qu'ils appartiennent à une minorité jadis persécutée?" Là mon cher, vous décevez, le glissement est trop rapide, "on pouvait dire, ô dieux, bien des choses en somme" (Cyrano de Bergerac) mais carrément le mot "voleur" qui surgit à la place de "rom", oui, c'est un peu court ! Vous tentez ensuite une justification avec des propos évidemment indémontrables, comme toujours... vous référant in fine à "une émission de télévision" sans précision. Sans intérêt. On raye. Les statistiques ne disent rien du reste et ne peuvent rien dire. On peut tout de même observer que les roms sont très souvent victimes de délinquance, mais oui, leur mode d'habitat les rend vulnérables à toutes sortes de bandes qui profitent de ce qu'ils ne viendront pas porter plainte au commissariat du coin. Les expulsions ne sont certes pas l'envoi dans les camps de la mort en wagons plombés mais le principe est le même: on renvoie quelqu'un simplement parce qu'il fait parti d'un certain groupe ethnique ou culturel. Point. On lui porte préjudice simplement pour cela. Que ce préjudice soit une analyse hâtive, une baffe, un charter, des insultes ou la mort n'est alors plus qu'une question de degré, non de nature. "Pourquoi les Roms quittent-ils la Roumanie et la Bulgarie?" vous demandez-vous ensuite. Là, je m'attendais à ce que vous supposiez qu'elle ne procure qu'un bien être insuffisant à ces gens un peu chochottes mais non, vous reconnaissez que les Roumains et les Bulgares les maltraitent, je n'aurai donc pas à vous apprendre que leur espérance de vie est inférieure de 13 ans dans ces pays à celle des non roms etc.. Mais vous ajoutez aussitôt : "devons-nous résoudre les problèmes que ces peuples ont créés?" "Ces peuples", je l'espère, désigne les roumains et bulgares non roms au pouvoir dans ces pays et non leurs victimes. Ma foi, je vais vous citer Monseigneur de Walhens, le philosophe qui a sauvé en 43 l'oeuvre de Husserl -elle eût été pilonnée sinon par les nazis parce qu'il était juif- recteur de l'université catholique de Louvain, qui, alors que j'étais une petite étudiante en philo mariée à un révolutionnaire maghrébin expulsé de France et ne pouvant retourner dans son pays... de Walhens donc, comme que je le remerciais de nous avoir accueillis -il nous avait procuré immédiatement logement, bourse d'étude et le statut de réfugié politique pour H.- m'interrompit à sa manière un peu hautaine involontaire -il avait davantage la stature d'un bûcheron que d'un évêque, un monument- : "Madame, ne nous remerciez pas. C'est vous qui nous faites l'honneur de venir chez nous et non l'inverse." J'en ai eu les larmes aux yeux et je les ai toujours en l'écrivant. Alors s'il vous plaît, Jack, pensez à cela comme moi chaque fois que vous voyez des étrangers en situation précaire chez "nous" : ils nous font l'honneur de venir se réfugier en France. Soyons en dignes. A part ça, je trouve excellente l'idée de Gosselent de donner des subventions aux paysans qui accepteraient de prêter leurs terres quelque temps aux gens du voyages en général dont les roms -qui dans leur majorité n'en sont pas, sauf par nécessité- il y a en effet beaucoup de jachères -c'est obligatoire pour les subventions- et parfois il s'agit de prés en bord de rivière agréables, mieux que le camp qui ici jouxte très exactement la station d'épuration." Voilà, je peux aller dormir.